La Liberté

Usher minaude, Trombone Shorty mène la danse

Evidemment, avant Usher, il n’est pas malaisé de paraître groovy. Mais mercredi soir au Montreux Jazz Festival, Troy Andrews alias Trombone Shorty a fait bien plus que chauffer la salle pour le célèbre vendeur de disques.

Habitué du Montreux Jazz Festival, où il s’est déjà produit en 2011 et 2012, Trombone Shorty a fait son retour mercredi avec ses Orleans Avenue. Une magistrale leçon de groove. ©2017 FFJM Lionel Flusin  © Lionel Flusin
Habitué du Montreux Jazz Festival, où il s’est déjà produit en 2011 et 2012, Trombone Shorty a fait son retour mercredi avec ses Orleans Avenue. Une magistrale leçon de groove. ©2017 FFJM Lionel Flusin © Lionel Flusin


Thierry Raboud

Publié le 06.07.2017

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Tout le monde était venu pour le très cher Usher – le star-system a ses raisons que la raison et le bon goût ignorent. Mais les seize musiciens de The Roots n’ont pu qu'offrir une lourde pâte sonore aux pénibles minaudages du célèbre hit-paradeur. Epilogue bling et brouillon d’une magistrale leçon de groove livrée en première partie par Trombone Shorty. Salutaires préliminaires!

Mercredi soir à l’Auditorium Stravinsky, c’est en personne que le patriarche Quincy est venu tout d’abord rappeler le souvenir de ce gamin de 8 ans entendu à la radio, qui déjà fanfaronnait en coulisse d'où débordait ce talent tenu de ses pères et de sa terre. L'héritage musical de La Nouvelle-Orléans. Il le prolonge aujourd'hui avec une rare véhémence, déboîtant l’esprit des marching bands pour mettre son public au pas.

Une arrivée de rock star, puis tout de suite un son puissant, porté par un guitariste furieusement efficace (mais nul besoin de le lui rappeler), alternant power chords et solos ébouriffés. Ce n’est pas du funk qui s’encanaille, c’est du rock que Troy Andrews entraîne dans la danse, tous cuivres dehors. Le dispositif pourtant est minimal: un hipster barytonnant en training, un alto à chapeau, puis un bassiste bodybuildé et un batteur soigneux.

Mais voilà, le tromboniste respire la joie, empoigne sa trompette et gonfle les joues en souffle continu, chante en soulman convaincu, donne de l'espace à ses musiciens en chef de big band dégingandé. Son album était plutôt sage, on en a retrouvé sur scène la plus énergique quintessence, de Here come the girls au tubesque Where it at?, sans oublier quelques titres plus anciens comme le Backatown donné en ouverture. Et au cœur du groove, un hommage à James Brown émietté en plusieurs évocations, furtives puis éruptives. Pop, soul, rock et funk s’entrechoquent dans le creuset de son pavillon brandi vers le ciel.

Puis ils s’en sont allés, sur une ultime fanfare. Oh when the Saints. Comme pour rappeler d’où ils viennent. A la Nouvelle Orléans, c'est un hymne funéraire. Ici ce fut une danse, après laquelle tout pouvait s’arrêter.

*Durant l'été, nos journalistes culturels quadrillent les festivals romands. Découvrez ici leurs critiques!*

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