Les lettres à nos aînés
Nous nous retrouverons
Thierry Raboud
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Lettre à nos aînés
Les rouges-queues faisaient un brasier d’ailes dans les vignes en pleurs. Le ciel, enfin vidé des traces blanches qui le ligotaient, célébrait en piailleries symphoniques son infini retrouvé. Dans ce paysage immensément sonore, je marchais avant l’exil intérieur, creusant les sentiers d’un monde qui bientôt ne serait plus le mien. Et déjà je me sentais de trop, et déjà il me fallait rentrer.
Mais voilà qu’entre les lézards passe-murailles, je vis une Terrienne très ancienne qui coiffait encore ses sarments comme de jeunes amants. Le fin chack-chack du sécateur semblait rythmer l’épanchement de sa solitude. Silence. Chack-chack. Silence. Et le soleil pâle dorait sa dure poigne, animée par un geste si nécessaire à l’équilibre du temps arrêté q