La Liberté

Les lettres à nos aînés

Vivre sans tendresse, il n’en est pas question…

Publié le 09.04.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Lettre à nos aînés » Chères aînées, chers aînés, vous souvenez-vous de cette chanson interprétée par Bourvil en 1963?

On peut vivre sans richesse/Presque sans le sou/Des seigneurs et des princesses/Y’en a plus beaucoup/Mais vivre sans tendresse/On ne le pourrait pas…

Non, non, non, non, on ne le pourrait pas!

La tendresse… Marie Laforêt l’a aussi chantée en 1969, et de nombreux autres interprètes. En ce moment, une version enregistrée par 45 musiciens confinés fait le tour du monde.

Comme cette chanson résonne aujourd’hui!

Mais vivre sans tendresse/Il n’en est pas question/Non, non, non, non/Il n’en est pas question.

Vous qui, en ce moment, êtes éloignés de vos familles et de vos amis, j’ai une pensée toute particulière pour vous. Une pensée tendre. Car le saviez-vous? La tendresse, elle, n’est pas confinée! Elle voyage comme bon lui semble, elle remonte parfois le courant du temps et revient en mémoire. Comme une chanson.

Et si je cherche bien au fond de moi, de la tendresse, j’en ai reçu. De mes parents bien entendu, mais aussi de mes grands-parents. Et c’est celle-ci dont je voudrais parler.

Je me souviens de mon grand-père et de ma grand-mère comme vivant sur un îlot de paix, entre jardin et poulailler, en dehors du temps. Un tableau immuable. Leurs petites habitudes, la cuisine au saindoux de ma grand-maman (un goût que je n’ai jamais retrouvé), le jambon à l’os de la bénichon qui dépasse d’une immense casserole, sa façon de rouler les «r» en nous avertissant de «ne pas aller à la rrroute»!

Tous ces petits épisodes sont gravés en moi, ce sont des instants de tendresse reçus de mes aînés. Je vais les rechercher parfois quand j’en ai besoin, j’en ai une réserve pour la vie. J’ai l’intime conviction que ces petites touches de tendresse, vous les avez aussi semées tout au long de votre vie. Elles se sont fixées dans des cœurs, même à votre insu.

Si le temps, aujourd’hui, vous paraît long (long, long, long, comme dit la chanson), allez les rechercher, vous verrez qu’elles referont surface sans se faire prier.

La tendresse donnée et la tendresse reçue ne s’effacent pas.

Je vous embrasse très tendrement.

Geneviève Pasquier Codirectrice du Théâtre des Osses, Givisiez


» Cette opération de solidarité est lancée de concert avec d’autres quotidiens régionaux de Suisse romande: Le Quotidien Jurassien dans le Jura, Arcinfo à Neuchâtel, Le Journal du Jura (Berne francophone) et Le Nouvelliste, en Valais. La Côte, basée à Nyon, et le magazine Générations se sont également joints au mouvement.

Mais la solidarité ne se confine évidemment pas aux seules rédactions. C’est pourquoi nous vous lançons un appel, à vous, chers lecteurs: écrivez vous aussi votre lettre à nos aînés et faites-nous la parvenir par courriel à l’adresse suivante: redaction@laliberte.ch. Nous publierons les plus belles dans nos prochaines éditions.

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