«C'est inespéré. Balthus fait une entrée fracassante dans nos collections», s'est réjoui Bernard Fibicher, directeur du mcb-a, lundi devant la presse à Lausanne. L'institution vaudoise ne possédait jusqu'ici aucune oeuvre de l'artiste.

La fondation a décidé de donner cinq oeuvres au musée dont «Le roi des chats». Ce «fantastique» autoportrait de 1935 est l'oeuvre de jeunesse la plus importante de Balthus qui a vécu près de 25 ans à Rossinière (VD) avec son épouse, la comtesse Setsuko Klossowska de Rola, jusqu'à son décès en 2001.

En 1993, le Musée cantonal des Beaux-Arts (mcb-a) avait consacré une grande rétrospective à Balthus, ce qui avait permis de sceller des liens entre l'institution et l'artiste, a-t-il rappelé.

Interrogé sur la valeur de la donation au mcb-a, le conseiller d'Etat Pascal Broulis a répondu que ces montants ne sont pas communiqués. «On ne donne pas de chiffres parce que ça change», a souri la comtesse Setsuko Klossowska.

Centaines de dessins

Les cinq oeuvres dont deux majeures, selon M. Fibicher, figureront dans la dotation patrimoniale du mcb-a dès l'automne 2019. Interrogé sur la valeur de cette donation, le grand argentier vaudois Pascal Broulis a répondu que ces montants n'étaient pas communiqués. «On ne donne pas de chiffres parce que ça change», a souri la comtesse Setsuko Klossowska.

A cela s'ajoute le prêt à long terme par la famille du fonds Balthus. Il comprend plusieurs autres peintures, plus d'une centaine de dessins de toutes les périodes, ainsi que la bibliothèque et les archives, dont l'inventaire s'achève prochainement.

Ce fonds sera déposé dans le nouveau bâtiment du musée, qui les mettra en valeur et à disposition des chercheurs. A côté des fondations Vallotton et Toms Pauli, le mcb-a dispose d'un troisième pôle important autour de Balthus, s'est réjoui M. Fibicher.

Visibilité

La fondation Balthus, créée en 1998 par l'artiste lui-même et son épouse, s'est donnée comme objectif d'assurer la pérennité de l'artiste, de faire connaître davantage son oeuvre et sa vie, l'écrin qui l'entoure, a expliqué Peter Berger, président du Conseil de la fondation. En avril, elle a pris une décision marquante: envisager un projet commun avec le canton.

Après quelques mois, ce projet tout à fait extraordinaire a vu le jour. «Balthus a habité 25 ans le canton de Vaud, il était logique que l'on discute ensemble», a souligné M. Berger.

Le canton en appui

Mais il n'y a pas que la peinture et le dessin, a poursuivi Pascal Broulis. Le site Balthus va vivre ces prochaines années. Restaurée, la chapelle de Balthus fait partie du patrimoine du canton.

L'Etat portera une attention particulière au Grand Chalet, classé au patrimoine national. Il s'agit d'une propriété privée que la famille souhaite conserver en tant que telle. L'Etat vient en appui lorsqu'il y a de grandes rénovations, a-t-il expliqué.

Ensuite, il y a l'atelier. Une association sera créée pour l'animer, a ajouté la conseillère d'Etat en charge de la culture Anne-Catherine Lyon. Elle a précisé que le canton ne donnait pas de subventions, mais venait en appui lorsque l'occasion se présente.

Il faut continuer

Balthus était conscient de lui-même dans son atelier. C'est là qu'il vivait. La dernière chose qu'il disait, c'était «il faut continuer». «Je me demande toujours ce que ça veut dire dire», s'est remémorée la comtesse.

Avec l'aide du musée et de l'Etat, on devrait faire quelque chose de vraiment bien de cet atelier. Alors, ce dernier mot de Balthus me semble juste, a-t-elle relevé.

En parallèle aux signatures relatives aux oeuvres de Balthus, Anne-Catherine Lyon et Pascal Broulis ont remis au syndic de Rossinière Jean-Pierre Neff une maquette au 1:40e du Grand Chalet. Réalisée par les pré-apprentis de l'unité bâtiment-construction du COFOP, elle est conçue comme l'originale en madrier d'épicéas avec une toiture en tavillons.

D'autres infos via ce lien.