Le musée bernois, qu’on imaginerait plutôt prompt à collecter, organiser et mettre en valeur l’histoire de nos blanches cimes, s’adonnerait-il à la futurologie? «Les musées parlent habituellement du passé, mais nous avons voulu aussi évoquer l’avenir, en nous aidant de la science et de la littérature», explique la curatrice Barbara Keller.

Un choix audacieux, où la fiction se plaît à prolonger les perspectives historique et scientifique pour mieux deviner la Suisse de 2051. Evidemment faite de cimes grisâtres, réchauffement climatique oblige…

«L'eau qui ne manquera jamais, une illusion»

Se pourrait-il que la Suisse soit vouée à la soif dans un futur proche ? Le chimiste et environnementaliste Klaus Lanz partage ses inquiétudes: «Le plateau suisse est très exploité: comment trouver l’espace nécessaire à une bonne nappe phréatique? Le paysage suisse laisse croire que l’eau ne manquera jamais. C’est une illusion. Le château d’eau suisse est une fiction.»

Dans cette exposition à voir jusqu’en septembre 2017, plusieurs experts prennent la parole en vidéo, pour tenter d’imaginer notre rapport à l’eau en se basant sur les connaissances scientifiques d’aujourd’hui :

«Nous devons dire une fois pour toutes la vérité: les glaciers vont disparaître, c'est irrémédiable»
Wilfried Häberli, professeur retraité de l'Université de Zurich, ex-directeur de la surveillance des glaciers pour l'ONU 

«Un événement extrême ne se produira plus tous les 150 ans, mais tous les 3 à 5 ans»
Martin Grosjean, professeur à l'Université de Berne et directeur du Centre de recherche sur le climat

«Préserver les nappes phréatiques doit devenir une priorité absolue»
Klaus Lanz, International Water Affairs, consultant international sur le thème de l'eau

«Le changement climatique va provoquer des conflits»
Rolf Weingartner, professeur à l'Université de Berne et membre de l'Organe consultatif sur les changements climatiques (OcCC)

«L'eau ne sera disponible qu'à ceux qui peuvent se la payer»
Maude Barlow, activiste canadienne, lauréate du «Prix Nobel alternatif»

«L'enneigement artificiel ne sera plus une solution viable»
Christophe Clivaz, professeur-assistant à l'Université de Lausanne