Pendant dix jours, le festival accueillera des artistes originaires de Suisse, mais aussi du Brésil, du Canada, d’Egypte, d’Espagne, de France, du Liban, du Maroc, de Palestine, de Pologne ou de Tunisie, indique le festival mardi dans un communiqué. Laurence Wagner a conçu sa cinquième et dernière édition avec un élan, celui de la «fureur de vivre».

Dans un contexte «où les violences font rage et les clivages se renforcent», elle invite «des artistes frondeurs et frondeuses qui œuvrent à dénouer les héritages oppressifs et à construire des destins dignes. Cette 41e édition est une étreinte de vie et d’amour. Elle dit l’urgence, l’impatience et l’espérance», a écrit la directrice artistique, âgée de 40 ans.

Star de la série alémanique «Tatort»

Le festival ouvrira ses portes avec «Fremde Seelen/Ames étrangères» d’Eva-Maria Bertschy, une enquête sur les traces d’un prêtre vietnamien qui vécut dans le canton de Fribourg. Cette création bilingue sera interprétée par la comédienne Carol Schuler, star de la série alémanique «Tatort», et par le musicien congolais Kojack Kossakamvwe.

Dans «Amazing Journey», Alexandre Montin & Maxine Reys proposeront au public de dialoguer avec les morts à l’occasion d’une promenade sonore dans l’espace public. Dans «Threesome», le chorégraphe Wojciech Grudziński dansera avec les fantômes de trois légendes du ballet polonais, oubliés en raison de leur homosexualité.

La mémoire du corps et de ses maniérismes sera aussi à l’œuvre dans la création «Blue Roses» du chorégraphe Thibault Lac tandis que la chercheuse espagnole Isabel de Naverán racontera une histoire de la danse pleine d’affects avec sa conférence performée «Envoltura, historia y síncope».

La metteuse en scène Louise Siffert tentera de défier la fugacité de la vie avec son spectacle et son film intitulés «We have decided not to die». Et le spectacle de fin d’études des étudiants et étudiantes en danse contemporaine de La Manufacture de Lausanne s’assurera que la flamme perdure.

Dire la vie et la représenter

Un panel d’écrivains décortiqueront la charge poétique de la vie, posant leurs regards contrastés sur le présent. L’autrice française Lola Lafon présentera «Un état de nos vies», un abécédaire intime comme autant de nouvelles définitions possibles de nos existences.

Marvin M’toumo, Grace Seri et Ella Stürzenhofecker écriront des textes inédits pour le Belluard Bollwerk et les partageront sous la forme de lectures performées.

La poétesse genevoise Pierrine Poget partagera quelques fragments de son plus récent ouvrage «Inachevée, vivante» tandis que l’auteur lausannois Mathias Howald proposera une lecture de son roman «Cousu pour toi».

Xénia Lucie Laffely et Janosch Perler proposeront deux installations comme deux cadrages distincts sur nos manières de documenter virtuellement nos existences.

Pour des vies dignes

Les artistes réunis durant le festival parleront aussi de contextes parfois invivables. Dans «The Search for Power», la Libanaise Tania El Khoury et son mari l’historien palestinien Ziad Abu-Rish investigueront les coupures de courant qui entravent leur quotidien au Liban. Cette performance se déroulera dans le cadre inédit de l’ancienne caserne militaire de la Poya.

Alice Oechslin & Mayara Yamada déjoueront de leur côté les frontières de la violence par le prisme de l’amour et des saveurs avec leur création «Ceremony n. 3: The Wedding Cake». Les chorégraphes égyptiennes nasa4nasa n’auront pas de pitié pour les compromis et danseront sur le fil de la censure dans le puissant «No Mercy».

Enfin, les cœurs battront très fort sur les rythmes de batterie de Gaouta, le «cyber-chaâbi» de Syqlone, les sets de Doracell, Urs Rihs, DJ Marcelle, Aleko & Maxtor et DJ Fripon ainsi que sur le répertoire folk de la chanteuse québécoise Myriam Gendron qui se produira pour la première fois en Suisse.

Dernière édition de Laurence Wagner

Laurence Wagner a annoncé que cette 41e édition serait sa dernière. Après cinq ans à la tête de la manifestation, elle souhaite notamment dégager du temps pour de nouveaux projets mais a aussi exprimé son épuisement face aux conditions toujours plus précaires des milieux culturels. Le poste de direction artistique sera mis au concours au début juin.