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L'Université de Fribourg n'est pas catholique

L'Université de Fribourg n'est pas catholique et ne l'a jamais été. C'est ce que rappelle le Conseil d'Etat fribourgeois en réponse à l'interpellation de deux députés qui s'inquiétaient de l'abandon de sa tradition catholique.

Le Conseil d'Etat rappelle que même si à son origine l'Université de Fribourg était destinée à la formation des élites catholiques suisses, elle n'a jamais été une université catholique. © Alain Wicht/La Liberté (photo prétexte)
Le Conseil d'Etat rappelle que même si à son origine l'Université de Fribourg était destinée à la formation des élites catholiques suisses, elle n'a jamais été une université catholique. © Alain Wicht/La Liberté (photo prétexte)

APIC

Publié le 11.02.2015

Dans leur question au Conseil d'Etat, les députés Roland Mesot (UDC) et André Schönenweid (PDC) s'inquiétaient du danger pour la «catholicité» de l'Université de Fribourg causé par la création du «Centre islam et société» et l'attribution d'un doctorat honoris causa à l'Américaine Judith Butler, grande prêtresse de la théorie du «genre».

Dans sa réponse, le Conseil d'Etat rappelle que même si à son origine l'Université de Fribourg était clairement destinée à la formation des élites catholiques suisses, elle n'a jamais été une université catholique. Elle est une université d'Etat, régie par une loi cantonale. Aucune référence confessionnelle ne figure dans ses statuts. Seule sa Faculté de théologie bénéficie d'une reconnaissance ecclésiale.

Le «Centre islam et société» répond à la mission de l'Université

L'Université de Fribourg ne renie pas ses origines et l'implication des catholiques suisses dans sa fondation, mais sa charte actuelle met l'accent sur la qualité, la responsabilité et l'esprit de dialogue, relève le Conseil d'Etat.

Pour le Conseil d'Etat, la création du «centre islam et société» (contre lequel l'UDC s'apprête à lancer une initiative populaire ndlr) démontre la volonté de l'Université de s'engager dans les débats et les développements sociaux actuels. Son implication en tant que lieu privilégié de débat et de confrontation des idées est conforme à sa tradition et à sa charte, insiste le Conseil d'Etat. «Ainsi sa tradition catholique a toujours été et doit être comprise comme une ouverture à l'humain.»

Doctorat «honoris causa» pour théoricienne du «genre»

Pour ce qui concerne l'attribution controversée d'un doctorat honoris causa à la professeure américaine Judith Butler, théoricienne du «Gender», le Conseil d'Etat rappelle que chaque Faculté est autonome pour l'attribution de cette distinction. En l'occurrence la Faculté des Lettres n'avait ni à consulter, ni à obtenir le feu vert du rectorat. Quant à l'Etat, en vertu de la liberté académique, il n'intervient nullement dans cette procédure.

Le Conseil d'Etat apporte néanmoins une nuance en précisant que «l'octroi de cette distinction ne signifie en aucun cas que le rectorat et l'ensemble de la communauté universitaire s'identifient et se déclarent d'accord avec l'œuvre entière de la personne honorée.»

La Faculté de théologie aucunement remise en question

Aux deux députés qui s'interrogeaient également sur l'avenir de la Faculté de théologie, le Conseil d'Etat répond en détaillant le statut particulier de cette faculté basé sur un accord entre l'Ordre des frères prêcheurs (dominicains) la Conférence des évêques suisses (CES) et l'Etat de Fribourg. Ce texte, établi en 1985, confère à la théologie son statut de faculté au sein d'une Université d'Etat et en même temps «approuvée canoniquement par l'Eglise catholique». Ce qui signifie que les personnes qui y enseignent doivent obtenir la permission d'enseigner du Maitre de l'Ordre des dominicains suite à un préavis de la CES. Les professeurs doivent obtenir ensuite une «missio canonica» et recevoir en outre un «nihil obstat' de la Congrégation pour l'éducation catholique à Rome.

La Faculté est soumise aux mêmes exigences de qualité que les autres. Elle bénéficie d'une grande reconnaissance et d'un solide réseau international. A ce titre elle est une composante importante de l'Université de Fribourg et le Conseil d'Etat ne met aucunement en question ni son avenir, ni son statut particulier, conclut la réponse aux députés.

 

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