Six wagons en queue d'un train roulant de Bâle à Lausanne-triage ont déraillé samedi à 02h47 à Daillens (VD). Le convoi transportait des substances chimiques dangereuses. L'accident, qui n'a pas fait de blessé, perturbe fortement le réseau ferroviaire. Le tronçon Yverdon-Lausanne est interrompu pour les grandes lignes CFF pendant "plusieurs jours", indique la compagnie.

Quatre wagons se sont renversés. Un autre a poursuivi son chemin avec le convoi, malgré un essieu sorti des rails. Le dernier, qui ne contenait pas de produit dangereux, est resté sur les rails. Le lieu du déraillement se situe, à proximité du centre de tri de La Poste. Celui-ci a dû être évacué, mais l'acheminement du courrier devrait être peu perturbé.

Un wagon-citerne qui contenait 25 tonnes d'acide sulfurique à une concentration de 98% s'est presque totalement vidé, a expliqué Sylvain Rodriguez, de la Direction générale vaudoise de l'environnement, lors d'un point de presse réunissant tous les intervenants, samedi après-midi à Daillens. "Ces 25 tonnes d'acide sulfurique ont grillé le terrain, la matière organique est détruite", a-t-il précisé. 

Zone évacuée

Un «faible déversement» a été constaté sur un autre wagon transportant 57 tonnes de soude caustique à une concentration de 50%, Le troisième wagon renversé, chargé de 52 tonnes d'acide chlorhydrique à une concentration de 37%, est "indemne, mais couché". L'acide chlorhydrique se différencie se différencie du chlore gazeux, dont le transport est décrié par les milieux écologistes. "Mais ces deux produits font partie de la palette des produits dangereux", a ajouté Sylvain Rodriguez. 

La dernière citerne accidentée renfermait, elle, 23 tonnes de méthylènedianiline. «La structure externe du wagon a été clairement endommagée, mais pas la citerne qui contenait le produit, cancérigène. À aucun moment, il n' y a eu un risque pour la population, en l'absence de formation d'un nuage toxique».

La zone industrielle a été évacuée, mais aucune alerte n'a été lancée pour les villages des alentours, assez éloignés. Les CFF se sont néanmoins excusés auprès des habitants de Daillens, privés d'eau durant plusieurs heures. La station de pompage de Daillens, distante d'environ 250 m du lieu de l'écoulement d'acide sulfurique, a été arrêtée. Le village dispose cependant d'une autre station de pompage.

Perturbations pour plusieurs jours

A la suite de cet accident, le trafic ferroviaire restera perturbé plusieurs jours. Entre Lausanne et Vallorbe, il n'y aura plus de TGV. Les voyageurs se rendant à Neuchâtel ou au-delà sont priés de passer par Berne. Quant à la clientèle régionale, des bus de remplacement sont mis en place depuis Penthalaz en direction de Vallorbe et d'Yverdon-les-Bains (VD).

Philippe Gauderon, chef de l'infrastructure des CFF, a rappelé que "la ligne du pied du Jura est "vitale pour l'ensemble de la Suisse, pour le trafic voyageurs et plus encore pour le trafic marchandises". Les perturbations devraient durer plusieurs jours et fortement affecter le trafic des pendulaires. Il n'est pas possible pour l'instant d'annoncer un délai pour le rétablissement complet de la situation, a confié l'ex-régie fédérale. Le rétablissement de la ligne en direction de Vallorbe est considérée comme une "deuxième priorité".

Le repsonsable a dressé le bilan matériel de l'accident. La voie ferrée doit être contrôlée sur environ 300 m et en partie changée. Deux aiguillages doivent être reconstruits. Deux mâts et deux jougs ont aussi été détruits. Entre 10 et 15 kilomètres de cables devront être changés. Certaines armoires techniques du poste d'enclenchement de Daillens ont été "démantibulées" : c'est le "plus gros soucis" des CFF, a précisé le responsable.

Avant de pouvoir entamer les travaux de réparation sur la ligne, les CFF devront attendre que les produits dangereux soient pompés dans des wagons de récupération. Le pompage du wagon contenant du méthylènedianiline s'avère un peu plus compliqué que les autres. Si sa température est inférieure à 89 degrés, il est à l'état solide. Pour être pompé, ce produit cancérigène doit donc être chauffé jusqu'à ce qu'il se liquéfie.