La Liberté

Quand Pierre-Yves Maillard a le dernier mot

«Tonnerre de Brest!»… Pierre-Yves Maillard a littéralement fulminé face à la minorité de son parti, mardi soir à Lausanne. Extraits sonores de la «gueulante» du leader socialiste vaudois à retrouver sur notre site.

Pierre-Yves Maillard a fait la démonstration de toute sa fougue, voire de sa colère. Au vote, les socialistes l'ont suivi par 133 contre 33 et 5 abstentions. © ARC
Pierre-Yves Maillard a fait la démonstration de toute sa fougue, voire de sa colère. Au vote, les socialistes l'ont suivi par 133 contre 33 et 5 abstentions. © ARC
La troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE 3) était au menu du congrès du Parti socialiste vaudois (PSV), mardi soir à la Maison du peuple à Lausanne. © ARC
La troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE 3) était au menu du congrès du Parti socialiste vaudois (PSV), mardi soir à la Maison du peuple à Lausanne. © ARC
Le leader socialiste vaudois a littéralement fulminé face à la minorité de son parti, mardi soir à Lausanne. © ARC
Le leader socialiste vaudois a littéralement fulminé face à la minorité de son parti, mardi soir à Lausanne. © ARC

JC

Publié le 29.01.2016

La troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE 3) était au menu du congrès du Parti socialiste vaudois (PSV), mardi soir à la Maison du peuple à Lausanne. Une minorité de membres du PSV conteste cette réforme, attaquée par un référendum de l'extrême gauche et de deux syndicats de la fonction publique. La votation sur le volet vaudois de RIE 3, notamment soutenu par les partis de droite, aura lieu le 20 mars.

Les socialistes qui appellent à voter à non au volet vaudois de la réforme souhaitaient que le PSV n'émette aucune recommandation de vote. Ils ont plusieurs arguments: si le oui passe, le canton devrait plonger dans les déficits et l'austérité budgétaire, le taux de 13,79% voulu par le Conseil d'Etat provoquerait une concurrence fiscale. La minorité n'est pas convaincue par les contreparties sociales (allocations familiales, assurance-maladie) pour 250 millions de francs. Ils ont eu fort à faire face à leur ministre Pierre-Yves Maillard, président du Conseil d'Etat

Le débat a duré deux heures et demi, mardi soir. Il a commencé par un exposé de 30 minutes de Pierre-Yves Maillard. Et il s'est conclu par une intervention de 5 minutes du même Pierre-Yves Maillard. Sur le fond, il a répliqué aux arguments des opposants. Sur la forme, il a fait la démonstration de toute sa fougue, voire de sa colère. Au vote, les socialistes l'ont suivi par 133 contre 33 et 5 abstentions.

Sur les déficits:
«Tonnerre! Comparez pas des baisses de 400 millions quand le canton avait 4,5 milliards de budget avec une perte de 200 millions quand il fait 9 milliards de budget et qu'il a 1 milliard de bénéfices! Quand même, on peut pas tout comparer. Donc ça, c'est déjà non valide. Ça n'a rien à voir! (…)»

Sur la concurrence fiscale:
«C'est le taux à 9 qui fait de la concurrence fiscale, c'est pas le taux à 14 (un arrondi du taux vaudois de 13,79%), tonnerre de Brest! Ça, ça tient pas la route! (…)»

Sur les chances de réaliser les contreparties sociales en cas de manque de soutien des socialistes:
«Si c'est les socialistes coulent ce truc, mais comment voulez-vous qu'on récupère ces projets? Comment voulez-vous qu'on le fasse devant la droite. La droite, elle va dire: «Le peuple, à cause des socialistes, a pas voulu des mesures sociales. On vous l'avait bien dit que les mesures sociales étaient pas si populaires! À la place on fera des baisses d'impôts (pour les personnes physiques) .(…)»

Sur le volet fédéral de la réforme, pas encore traité aux Chambres:
«Si la droite exagère au plan fédéral, y aura référendum, peut-être même que le Conseil d'Etat, peut-être même que le ministre des finances (le PLR Pascal Broulis) appellera à voter non à une réforme fédérale déséquilibrée. (…) Si c'est oui grâce aux socialistes le 20 mars, ça donnera une arme très forte au plan fédéral pour dire: «Faites des contreparties, ne déséquilibrez pas le bateau parce que vous voyez bien que quand vous le faites comme ça, ça passe. (…)»

Et le bouquet final:
«Mais attention, y a beaucoup d'intellectuels, y a beaucoup d'intellectuels qui parlent au nom des classes sociales, et qui parlent au nom de la classe ouvrière.… Moi, j'ai dans mon quartier autour de chez moi une famille que je connais. Le mari, il travaille de nuit, à Eclépens au centre de tri postal. La maman, elle se lève à cinq heures du matin pour aller dans une biscuiterie à Nyon. Ils ont cinq enfants, il y en a quatre encore à la maison, ils vivent dans un trois-pièces… Cette réforme-là, camarades, elle leur amène 70 francs par enfant, de plus, en 2019! Qui leur amènera ces mesures-là, si ça passe pas?! Et qu'est-ce que je dirai au nom du parti socialiste quand je les croiserai demain si on soutient pas cette mesure-là qui leur amène des sous concrètement, pour d'éventuels fantasmes de pertes et de craintes des déficits?! Mais si vous avez peur des déficits quand on fait un milliard de bénéfices, quand est-ce qu'on osera faire un programme socialiste dans ce canton?! Arrêtez avec ces fantasmes, tonnerre de Brest! On est le parti de la classe ouvrière! On est le parti qui défend le monde ouvrier, et les milieux modestes et les salariés d'Unia! Alors votez oui massivement à ce projet! Merci!»

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