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A Castel Gandolfo, les appartements du pape s'ouvrent au public

Aperçu de la chambre du pape dans le palais d'été des papes, à Castel Gandolfo, près de Rome. © KEYSTONE/EPA ANSA/ALESSANDRO DI MEO
Aperçu de la chambre du pape dans le palais d'été des papes, à Castel Gandolfo, près de Rome. © KEYSTONE/EPA ANSA/ALESSANDRO DI MEO


Publié le 21.10.2016


Le Vatican a dévoilé vendredi les appartements privés du palais d'été des papes, à Castel Gandolfo, près de Rome. Les lieux ont été transformés en musée à la demande du pape François qui n'y a jamais séjourné en trois ans et demi de pontificat.

La visite inédite, accessible au public à partir de samedi, permet pour la première fois de lever un petit coin de voile sur une sphère plus intime de la papauté. Dans ces appartements du deuxième étage, on décèle encore l'ombre des séjours fréquents du pape émérite Benoît XVI, dans le bureau où sont alignés douze volumes d'un lexique théologique en allemand.

Il aimait s'y reposer et jouer au piano. Le pontife allemand, premier pape en sept siècles à démissionner en 2013, s'était envolé pour Castel Gandolfo après cette annonce fracassante. C'est là aussi qu'il fit son dernier salut de pape depuis le balcon donnant sur la petite place du village.

Il y avait encore cherché la fraîcheur deux semaines en juillet 2015 à l'invitation de François, admirant une dernière fois le lac d'Albano en contrebas du palais perché sur une colline. Avant lui, le pape polonais Jean Paul II (1978-2005) y passait de longues vacances et fit même construire une petite piscine dans les jardins.

Très attendue dans la visite, la chambre à coucher du palais pontifical, tentures vert pâle, où ont dormi quinze papes, comprend un lit simple à ferrures dorées et deux tables de chevet en bois et marbre. Elle est attenante à une chapelle privée où se sont agenouillés de nombreux papes.

C'est dans la chambre de taille moyenne, havre plus chaleureux, que l'on découvre que deux papes y sont décédés: Pie XII en 1958 et Paul VI en 1978. "Ici, la grande histoire se mélange avec la petite histoire", décrit-il avec emphase Osvaldo Gianoli, directeur des Villas pontificales.

Saverio Petrillo - qui a passé 56 ans au service de sept papes et des maisons pontificales de Castel Gandolfo jusqu'en mars 2014 - a notamment raconté comment Jean XXIII (1958-1963) s'éclipsait discrètement au volant d'une voiture, sans escorte, visiter les châteaux des alentours. Un jour, il avait presquemanqué l'heure de l'Angelus.

Pouponnière quelques années

Les lieux ont déjà été ouverts au public durant la période troublée de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quelque 12'000 habitants des alentours avaient trouvé refuge dans la propriété de 55 hectares, au statut extra territorial, comme en attestent quelques clichés en noir et blanc affichés au détour de la visite.

La chambre à coucher du pape fut provisoirement transformée en pouponnière, où naquirent une quarantaine de bébés parfois précisément sur le lit du pontife. D'où leur surnom "d'enfants du pape" et leurs prénoms masculins Eugenio ou Pio, en l'honneur de Pie XII.

"Une valeur symbolique"

"L'ouverture des appartements privés a une valeur symbolique et représente la politique pastorale du pape François", a estimé vendredi Osvaldo Gianoli, directeur des Villas pontificales, lors de la cérémonie d'inauguration. François, qui dès le lendemain de son élection a dénoncé une Eglise "mondaine", n'a de cesse de fustiger le scandale de la pauvreté dans le monde.

Il avait déjà ouvert les jardins à l'italienne de la "Villa Barberini" de Castel Gandolfo en 2014, par le biais de visites guidées par groupes, sur réservation. Depuis un an, il était également possible pour les touristes de s'y rendre à bord d'un train à l'ancienne depuis la gare de la Cité du Vatican.

Brefs séjours de François

François, anti-vacances, ouvertement casanier dans son modeste 50m2 d'une résidence du Vatican, a désormais renoncé définitivement à dormir à Castel Gandolfo. Il y est venu deux fois en coup de vent.

Son absence n'est historiquement pas exceptionnelle, tempère Antonio Paolucci, directeur des musées du Vatican, en précisant que plus de la moitié des 33 papes qui auraient pu y dormir ont boudé les lieux. Rien n'interdirait donc à ses successeurs d'y revenir.

ats, afp

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