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Alep sous les bombes, les hôpitaux débordés

L'offensive du régime a provoqué des dégâts sans précédent depuis le début du conflit et un grand nombre de victimes civiles. © KEYSTONE/AP Save The Children
L'offensive du régime a provoqué des dégâts sans précédent depuis le début du conflit et un grand nombre de victimes civiles. © KEYSTONE/AP Save The Children


Publié le 26.09.2016


La pénurie gagnait les services de secours lundi dans la partie orientale d'Alep, toujours cible d'intenses bombardements. Depuis quatre jours, les forces de Damas appuyées par l'aviation russe y mènent une offensive de grande envergure.

L'opération a provoqué des dégâts sans précédent depuis le début du conflit et un grand nombre de victimes civiles. Elle semble cibler tout particulièrement les infrastructures médicales.

"Les hôpitaux de la ville d'Alep sont débordés (...). On commence à manquer de matériel", a déclaré Aref al Aref, qui travaille dans une unité de soins intensifs. "Nous sommes incapables d'amener quoi que ce soit, ni équipement, ni personnel médical. Certains membres du personnel hospitaliers sont dans les zones rurales et ne peuvent pas venir en raison du siège."

Selon une association de médecins syriens (SAMS), seuls 30 médecins demeureraient encore dans les quartiers est d'Alep. Elle dresse en outre un bilan de 280 morts et 400 blessés au cours des trois derniers jours.

Aucun répit

Signe qu'elle n'a aucune intention d'offrir un quelconque répit aux assiégés, l'armée syrienne a une nouvelle fois demandé aux civils de se tenir à distance des positions des rebelles dans la ville. Si l'armée assure ne viser que les combattants, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dit que des dizaines d'enfants sont morts.

L'OSDH dit avoir comptabilisé 248 morts, dont 38 enfants, à Alep et dans la campagne environnante depuis lundi dernier, date à laquelle la dernière trêve en date a volé en éclats. La défense civile d'Alep dresse un bilan plus lourd. Elle fait état de près de 400 morts à Alep et dans les zones rurales.

Les bombardements ont également détruit une station de pompage d'eau qui alimentait l'est d'Alep. Un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé, venu inspecter le site, a dit ne pas être en mesure d'évaluer le temps nécessaire aux réparations.

Bombardements nocturnes

Bebars Mishal, membre de la défense civil de l'est d'Alep a rapporté que les bombardements nocturnes sur la ville se sont poursuivis jusqu'à 6h00 (05h00 en Suisse) lundi matin.

"La situation reste la même. La nuit, les bombardements s'intensifient, c'est plus violent, toutes les sortes d'armes sont utilisées, qu'il s'agisse des armes au phosphore, du napalm ou des bombes à fragmentation", déclaré M. Mishal à Reuters.

"A présent, il n'y a plus que des hélicoptères et Dieu seul sait où ils vont larguer leurs bombes. Dieu seul sait quels sont les immeubles qui vont s'effondrer", a-t-il poursuivi.

Paix inaccessible

Les perspectives des quelque 250'000 civils piégés dans la partie contrôlée par la rébellion se sont encore assombries avec les passes d'armes entre la Russie et les Occidentaux. Ce week-end, la représentante américaine à l'Onu a accusé Moscou de "barbarie" en Syrie.

De son côté, Moscou reproche à l'Ouest d'hypothéquer les chances de résoudre un conflit entré dans sa sixième année et estime que la paix est dans l'immédiat un objectif quasiment inaccessible.

Lundi, Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, a tenu Moscou responsable de la violence à Alep. Il a assuré que le massacre des civils syriens ne serait pas possible sans le soutien militaire de la Russie.

Parallèlement, le gouvernement syrien a intensifié ses efforts pour pacifier à sa façon les zones rebelles, scellant des accords avec des combattants assiégés. A Homs, un groupe rebelle a ainsi commencé à se retirer de ses dernières positions dans la ville, a dit l'agence de presse officielle Sana.

Aide humanitaire

Ailleurs en Syrie, une aide est parvenue dimanche pour la première fois depuis six mois à quatre localités assiégées: Madaya et Zabadani, assiégées par les troupes du régime dans la province de Damas, ainsi que Foua et Kafraya, assiégés par les rebelles dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon le CICR.

ats, reu, afp

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