La Liberté

Assad sur la SRF: il faut chasser les "terroristes" d'Alep

Bachar al-Assad a pour habitude d'utiliser le terme de "terroriste" pour tous les rebelles, pas uniquement les combattant djihadistes (archives). © Keystone/EPA SANA/SANA HANDOUT
Bachar al-Assad a pour habitude d'utiliser le terme de "terroriste" pour tous les rebelles, pas uniquement les combattant djihadistes (archives). © Keystone/EPA SANA/SANA HANDOUT


Publié le 19.10.2016


En dépit de la courte trêve humanitaire annoncée pour jeudi à Alep, le président syrien Bachar al-Assad réaffirme que son armée a l'obligation de protéger les civils et d'évincer les terroristes d'Alep. Il s'exprimait dans une interview à la télévision alémanique SFR.

"Mais comment pouvez-vous les protéger quand ils sont sous le contrôle des terroristes ? (...) Nous devons attaquer les terroristes, cela va de soi", ajoute-t-il dans cet entretien diffusé en version intégrale mercredi soir. Un extrait avait été diffusé dans la journée déjà sur le site de la télévision publique alémanique.

Le régime syrien a pour habitude d'utiliser le terme de "terroriste" pour désigner tous les rebelles, pas uniquement les combattant djihadistes. "Si vous avez quelqu'un qui porte des mitraillettes ou d'autres armes et qui tue des gens, sous quelque motif que ce soit, ou qui commet du vandalisme et détruit des biens publics ou privés, alors c'est un terroriste", explique Bachar al-Assad.

Selon lui, on ne peut pas parler d'opposition dans ces cas-là. En revanche, la Syrie a bel et bien une opposition "libre et véritable", ajoute le président. Cette opposition existe, "vous pouvez la rencontrer et la filmer".

Pas un criminel de guerre

L'armée du régime syrien a intensifié son offensive sur la ville d'Alep avec le soutien de la Russie et de l'Iran. La situation de la population dans cette métropole du nord du pays est devenue intenable. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon - entre autres - a parlé de crimes de guerre.

Un terme que Bachar al-Assad réfute. Il se réfère au droit international qui autorise la Syrie à se défendre contre des "terroristes", qui ont "pénétré sur le territoire syrien en tant que représentant d'autres pays".

Si des millions de personnes fuient la Syrie, ce n'est pas à cause de sa personne, affirme Bachar al-Assad, mais en raison des "activités" des "terroristes". Ceux-ci tuent les gens et paralysent la vie dans le pays par des attaques sur les infrastructures dans "tous les secteurs d'acitivité".

Le chef de l'Etat syrien pointe aussi du doigt l'embargo "de l'Occident", qui force les habitants à aller chercher leurs moyens de subsistance à l'extérieur du pays.

"Il y a toujours des erreurs"

Interrogé sur les bombardements d'hôpitaux à Alep, qui ont fait ces dernières semaines de nombreuses victimes civiles, M. Assad rejette toute responsabilité. On ne peut tenir plus de cinq ans dans "une guerre si cruelle" et en même temps tuer ses propres citoyens. Sinon, on perd cette guerre en tant que gouvernement.

Le droit international humanitaire doit être respecté, mais il y a toujours des erreurs. Le président syrien reconnaît que des civils innocents ont péri à Alep et déplore ces victimes. Mais chaque guerre est une mauvaise guerre, plaide-t-il.

Il balaie une autre accusation, celle d'avoir utilisé des armes chimiques. Il n'y a "pas l'ombre d'une preuve", affirme-t-il. Même dénégation sur le largage de barils d'explosifs: "C'est une allégation de l'Occident pour démontrer que nous tuons des civils sans discernement".

Autre sujet polémique: la torture dans les prisons syriennes, dénoncée par Amnesty International qui avance le nombre de 18'000 morts. Pour M. Assad, de tels rapports ne sont ni "indépendants" ni "impartiaux". Quant à accorder un éventuel accès du Comité international de la croix Rouge (CICR) aux prisons, le sujet n'a pas encore été discuté à l'interne.

Solution diplomatique

Bachar al-Assad assure qu'il croit toujours à une solution diplomatique au conflit. Un dialogue est possible, mais uniquement avec des partis politiques et des combattants prêts à déposer les armes. Il n'est pas possible en revanche de négocier avec des groupes terroristes comme al-Qaida, al-Nosra ou l'Etat islamique (EI).

La trêve de quelques heures annoncées pour jeudi à Alep est "un pas important" afin d'acheminer de l'aide humanitaire aux habitants des différents quartiers de la ville, estime le président. De plus, les civils devraient avoir la possibilité de se déplacer vers des "zones contrôlées par le régime".

Sûr de la victoire

M. Assad s'est dit certain de gagner la guerre. "Si tu n'y crois pas, tu perds. C'est une part importante de la guerre que de croire à la victoire. C'est donc une évidence: il faut tout simplement y croire."

L'interview avec le président syrien s'est déroulée mardi à Damas, a indiqué la SRF. Le ministère syrien de l'information a fixé la durée de l'entretien et exigé qu'il soit diffusé en Suisse dans son intégralité. Il n'y a pas eu de censure, toutes les questions ont été admises.

ats

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11