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L'EI revendique un carnage lors d'une manifestation à Kaboul

L'attentat a brutalement interrompu une manifestation de Hazaras qui protestaient contre un projet de ligne à haute tension délaissant leur territoire, dans la province de Bamiyan. © KEYSTONE/EPA/HEDAYATULLAH AMID
L'attentat a brutalement interrompu une manifestation de Hazaras qui protestaient contre un projet de ligne à haute tension délaissant leur territoire, dans la province de Bamiyan. © KEYSTONE/EPA/HEDAYATULLAH AMID
Les lieux de l'attentat, où des corps sont couverts par des drapeaux afghans. © KEYSTONE/AP/MASSOUD HOSSAINI
Les lieux de l'attentat, où des corps sont couverts par des drapeaux afghans. © KEYSTONE/AP/MASSOUD HOSSAINI


Publié le 23.07.2016


L'organisation Etat islamique (EI) a revendiqué samedi l'un de ses plus sanglants attentats jamais commis à Kaboul. L'attaque a tué plus d'une soixantaine de personnes au coeur d'une manifestation pacifique de la minorité hazara chiite.

"80 personnes ont été tuées et 231 blessées", a indiqué en début de soirée un porte-parole du ministère de la Santé. Ce bilan pourrait toutefois s'alourdir.

Via son agence de presse Amaq, l'EI a affirmé que "deux combattants de l'Etat islamique ont fait exploser leurs ceintures explosives lors d'un rassemblement chiite dans le quartier Dehmazang à Kaboul en Afghanistan".

Selon les services de renseignements afghans, le NDS, "trois assaillants ont participé à l'attaque, dont un seul a réussi", ce qui laisse entendre que le bilan aurait pu être encore plus effroyable. "Le premier a déclenché ses explosifs, le deuxième n'a que partiellement réussi, mais l'explosion l'a tué et le troisième a été abattu par les agents du NDS" a détaillé cette source.

Cet attentat semble être le premier de cette ampleur perpétré par l'EI à Kaboul. Le groupe djihadiste revendique la capitale afghane depuis son implantation dans le pays, début 2015.

Réaction présidentielle

Le ministère de l'Intérieur avait précédemment évoqué "un kamikaze à pied" ayant déclenché sa charge au milieu d'une foule dense. Mais, dans un communiqué, le président afghan Ashraf Ghani a rapidement évoqué, en anglais et en dari, "plusieurs explosions", sans autre détail.

M. Ghani a exprimé sa "tristesse" et dénoncé ces "terroristes infiltrés au coeur d'une marche pacifique pour martyriser de nombreux citoyens". Il a signalé que "des membres des forces de sécurité" figuraient parmi les victimes.

Dans un communiqué, le mouvement taliban avait rapidement démenti toute responsabilité et dénoncé des "tentatives de divisions" au sein du peuple afghan.

Contre la discrimination

L'attentat s'est produit en fin de cortège. Plusieurs milliers de manifestants défilaient depuis le matin dans le calme. Ils étaient issus pour l'essentiel de la communauté hazara, minoritaire dans l'Afghanistan majoritairement sunnite.

Ils entendaient protester contre un projet de ligne à haute tension qui délaisse leur territoire, dans la province de Bamiyan (centre). Pour les dirigeants hazaras, ce tracé est un nouveau signe de discrimination à l'égard de leur communauté et de leur province, la moins développée d'Afghanistan.

La minorité des Hazaras, qui compte trois millions de personnes, a été persécutée pendant des décennies. Des milliers de ses membres ont été tués à la fin des années 1990 par Al-Qaïda et les talibans, majoritairement des pachtounes sunnites. Ces derniers mois, elle a subi des enlèvements et des assassinats qui ont suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux.

ats, afp

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