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Bébé brutalisé et tué: les parents nient en bloc

Un couple comparaît depuis mardi matin dans la salle d'audience cantonale à Renens (VD) pour avoir maltraité et tué leur fils (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Un couple comparaît depuis mardi matin dans la salle d'audience cantonale à Renens (VD) pour avoir maltraité et tué leur fils (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Un couple comparaît depuis mardi matin dans la salle d'audience cantonale à Renens (VD) pour avoir maltraité et tué leur fils (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Un couple comparaît depuis mardi matin dans la salle d'audience cantonale à Renens (VD) pour avoir maltraité et tué leur fils (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 02.06.2020


Un père et une mère ont comparu mardi devant le Tribunal criminel d'arrondissement de Lausanne pour la mort de leur nourrisson de 11 mois. Ils ont nié l'avoir brutalisé pendant plusieurs semaines, jusqu'à son décès des suites du syndrome du bébé secoué.

Même si "tout l'accuse", selon les dires du président du tribunal, le père n'a pas cédé dans la salle d'audience cantonale de Renens. "Je n'ai jamais causé du tort à l'enfant", a assuré ce ressortissant congolais de 35 ans.

Parlant d'une voix forte, et sans jamais exprimer le moindre regret, il s'est souvent perdu dans des explications brouillonnes. Il a ainsi éludé les questions concernant les violences subies par l'enfant au cours de ses premiers mois d'existence - coups, ongle arraché, bras fracturés - et celles ayant entraîné sa mort en janvier 2017.

Il est resté sur la même ligne au sujet d'une autre accusation, celle d'avoir ébouillanté en 2018 une nonagénaire à qui il donnait une douche dans un EMS du Gros-de-Vaud où il travaillait comme aide-soignant.

A force de louvoyer, le prévenu a fini par agacer le président Pierre Bruttin. "Vous n'avez pas l'impression de ne nous raconter que des bêtises ?", l'a-t-il tancé. "Votre attitude est vraiment pénible, limite indécente", a-t-il ajouté.

Mère inconsolable

De son côté, la mère était absente lorsque son fils a été secoué à mort. Elle aussi d'origine congolaise, elle a assuré qu'elle n'avait "jamais imaginé" que le père aurait pu être violent avec son fils, même si elle avait elle-même été frappée plusieurs fois par cet homme. Ce n'est qu'après la mort du nourrisson qu'elle aurait réalisé.

Prostrée pendant une bonne partie de l'audience, la mère a fondu en larmes à plusieurs reprises. Sur demande du président, elle a dû sortir de la salle au cours des plaidoiries pour retrouver son calme. "Je vis un calvaire. Cet enfant était tout pour moi, je ne lui ai jamais fait de mal", a-t-elle dit.

Responsabilité "écrasante"

Pour le procureur Jérémie Müller, les parents doivent être considérés comme des "co-auteurs" des violences infligées au bébé. Même si la mère ne devait pas avoir touché son fils, elle était "nécessairement au courant", a-t-il expliqué.

Le représentant du Ministère public a indiqué que la responsabilité du père était "écrasante" et qu'il fallait retenir les qualifications de meurtre, lésions corporelles graves et lésions corporelles simples qualifiées. Il a requis 12 ans de prison ferme.

Pour la mère, outre les violences, le procureur a estimé qu'elle était coupable d'homicide par négligence. Il a demandé une peine de prison de 6 ans et, comme pour son ex-conjoint, une expulsion du territoire suisse.

Ce réquisitoire a été qualifié de "choquant" par l'avocat de la mère. "Il n'y a pas l'ombre d'un début d'indice" qu'elle ait fait subir des violences à son fils, a insisté Me Charles Munoz. Il a ajouté que sa cliente n'aurait jamais pu imaginer une issue fatale.

L'avocat a exigé un acquittement complet, mais aussi une indemnité pour tort moral de 5000 francs. Il a aussi réclamé 800 francs à l'Etat de Vaud pour détention injustifiée, la mère ayant passé quatre jours en prison après la mort de son fils.

Verdict jeudi

De son côté, l'avocat du père, Me Christophe Marguerat, s'est basé sur plusieurs considérations médicales dans sa plaidoirie. Il est arrivé à la conclusion qu'il y avait "trop de doutes pour faire supporter la responsabilité" à son client.

Il a laissé entendre que c'est la mère qui aurait pu commettre ces actes, s'appuyant notamment sur certaines déclarations contradictoires. Il a aussi souligné que des vidéos montrant des actes sexuels et de violence sur des enfants avaient été retrouvées sur le téléphone de la prévenue.

La Cour rendra son verdict jeudi à 11h15 au palais de justice de Montbenon à Lausanne.

ats

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