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Conférence d'Interpol sur la traite d'êtres humains à Lugano

La ministre de la justice Simonetta Sommaruga participe à la conférence sur la traite des êtres humains qui se déroule à Lugano (archives). © KEYSTONE/PETER KLAUNZER
La ministre de la justice Simonetta Sommaruga participe à la conférence sur la traite des êtres humains qui se déroule à Lugano (archives). © KEYSTONE/PETER KLAUNZER
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga et le conseiller d'Etat tessinois Norman Gobbi lors de la conférence d'Interpol consacrée à la traite d'êtres humains. © KEYSTONE/TI-PRESS/GABRIELE PUTZU
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga et le conseiller d'Etat tessinois Norman Gobbi lors de la conférence d'Interpol consacrée à la traite d'êtres humains. © KEYSTONE/TI-PRESS/GABRIELE PUTZU


Publié le 20.10.2016


Pour lutter contre la traite d'êtres humains, la coopération internationale doit être renforcée. Si les Etats se replient, les criminels en profiteront, a déclaré jeudi Simonetta Sommaruga à la conférence mondiale d'Interpol sur le sujet à Lugano.

Près d'un million de personnes sont victimes de traite d'êtres humains en Europe, a rappelé jeudi soir la conseillère fédérale, émue d'être à Lugano, ville dont la socialiste est originaire. Ces femmes et ces hommes sont humiliés quotidiennement, ils sont exploités sexuellement et utilisés comme forces de travail.

Pour combattre ce phénomène, l'instrument le plus efficace reste la collaboration entre les pays. "S'isoler et privilégier des solutions au niveau national revient à donner aux trafiquants d'êtres humains, passeurs et organisations criminelles davantage de liberté", estime la ministre de la justice.

D'Europe de l'Est

D'après l'Office fédéral de la police, 812 assistances aux victimes de traite d'êtres humains ont été dénombrées entre 2010 et 2015 en Suisse. Un registre similaire tenu par les centres d'assistance aux migrantes et aux victimes de la traite des femmes fait même état de 905 conseils dispensés durant cette période.

Entre la moitié et deux tiers des affaires en cours touchent des personnes venant d'Europe de l'Est (Roumanie, Bulgarie et Hongrie). Néanmoins, comme la traite d'êtres humains se passe le plus souvent dans l'illégalité, le nombre réel de victimes en Suisse est méconnu.

Ces victimes ne se rendent pas à la police de leur propre gré, a abondé Simonetta Sommaruga. La plupart du temps, elles ont peur de leurs exploiteurs ou de devoir quitter le pays.

Raison pour laquelle, la police et le Ministère public ne doivent pas être les seuls acteurs à agir. Ils doivent collaborer avec les autorités des migrations, des ONG, des médecins et des hôpitaux, a-t-elle ajouté.

Cette conférence - qui se termine vendredi - doit permettre aux experts internationaux de trouver des pistes pour enrayer le phénomène. Interpol est un important canal d'informations, a expliqué la conseillère fédérale.

Les victimes de traite sont souvent signalées comme disparues par leurs familles. Par le biais d'Interpol, les autorités à l'étranger prennent connaissance de leur disparition et peuvent intervenir. C'est ainsi qu'une femme originaire de Bulgarie qui se trouvait en Suisse a été libérée, a illustré Mme Sommaruga.

Traite des enfants

La conseillère fédérale a fait de la lutte contre la traite des êtres humains un de ses chevaux de bataille. C'est la quatrième conférence mondiale d'Interpol consacrée à cette thématique, mais c'est la première fois qu'elle a lieu en Suisse.

Le choix du Tessin n'est pas anodin. Le canton est une zone-clé du transit nord-sud. Il est confronté au problème des trafiquants et de la prostitution depuis les années 1990 et les conflits dans les Balkans, suivis des mouvements de réfugiés. En 2005, la police tessinoise a même constitué une section spéciale pour lutter contre la traite d'êtres humains.

Un drame qui touche aussi les enfants, a rappelé mardi Protection de l'enfance Suisse. En 2014, seuls deux enfants ont été identifiés comme victimes en Suisse. Mais selon cette organisation, les chiffres réels sont sans doute plus élevés.

Suisse pointée du doigt

L'an dernier, le Conseil de l'Europe avait pointé du doigt la Suisse dans un rapport. Il lui demandait d'être plus vigilante en ce qui concerne la traite des enfants et de mettre sur pied des cours pour la police et les autorités afin de les aider à identifier les victimes.

Résultat: la Confédération a créé en 2012 le Service de coordination contre la traite des êtres humains et le trafic des migrants (SCOTT), rattaché à l'Office fédéral de la police. Elle a aussi lancé en 2012 un Plan d'action national contre la traite des êtres humains qui doit entrer dans une nouvelle phase en 2017.

ats

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