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Le pape et le patriarche appellent à l'unité des chrétiens

Le patriarche orthodoxe russe Kirill, que le pape rencontrera le temps d'une escale, à son arrivée à La Havane. (archives) © KEYSTONE/AP/ISMAEL FRANCISCO
Le patriarche orthodoxe russe Kirill, que le pape rencontrera le temps d'une escale, à son arrivée à La Havane. (archives) © KEYSTONE/AP/ISMAEL FRANCISCO
La rencontre entre le pape François et le patriarche Kirill était une première depuis 1054. © KEYSTONE/EPA EFE POOL/ALEJANDRO ERNESTO / POOL
La rencontre entre le pape François et le patriarche Kirill était une première depuis 1054. © KEYSTONE/EPA EFE POOL/ALEJANDRO ERNESTO / POOL


Publié le 13.02.2016


Religion • Le pape François et le patriarche orthodoxe russe Kirill ont souhaité vendredi le "rétablissement" de l'unité entre chrétiens au terme d'un face-à-face sans précédent à Cuba, près de mille ans après le schisme. Ils ont appelé à leur protection au Proche-Orient.

Lors d'une rencontre empreinte d'émotion à La Havane, les dirigeants de l'Eglise catholique et de la principale Eglise orthodoxe ont regretté "les blessures causées par des conflits d'un passé lointain ou récent" entre chrétiens.

"Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu", ont-ils souligné dans une déclaration signée au terme d'une rencontre de deux heures dans un petit salon de l'aéroport de la capitale cubaine.

"L'unité est sur le bon chemin. Nous avons échangé avec clarté et sans tabous", a commenté Jorge Bergoglio. "Les deux Eglises peuvent coopérer pour protéger les chrétiens dans le monde entier", avait précédemment estimé Kirill.

Comme attendu, les deux hommes ont aussi exhorté la communauté internationale à mener "des actions urgentes" en faveur des chrétiens d'Orient.

Accolade et embrassades

"Nous appelons la communauté internationale à des actions urgentes pour empêcher que se poursuive l'éviction des chrétiens du Proche-Orient (...) En Syrie et en Irak, la violence a déjà emporté des milliers de vies, laissant des millions de gens sans abri ni ressources", indique ce texte.

"Une aide humanitaire à grande échelle est indispensable aux populations souffrantes et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins", ont encore estimé les deux chefs religieux, alors que ces chrétiens sont chassés par la guerre en Syrie et l'expansion de l'Etat islamique dans la région.

L'entretien entre les deux hommes avait commencé par une accolade et des embrassades entre le pape et le patriarche russe à barbe blanche coiffé d'un "koukol", la traditionnelle coiffe blanche arrondie surmontée d'une croix. "Enfin, nous nous voyons!", a lancé le pape François à son interlocuteur, en répétant plusieurs fois: "nous sommes frères".

"Il est très clair que cela est la volonté de Dieu", a ajouté Jorge Bergoglio, après que Kirill a observé: "Maintenant les choses sont plus claires" entre les deux Eglises.

Après cette escale de trois heures à Cuba, le souverain pontife de 79 ans s'est envolé vers le Mexique, où il entame une visite de cinq jours.

Une première depuis 1054

Ce tête-à-tête avec Kirill, arrivé la veille à Cuba, était le premier entre un chef de l'Eglise catholique et le patriarche de la plus importante des Eglises orthodoxes (plus de 130 millions des 250 millions d'orthodoxes) depuis le schisme entre Eglises d'Orient et d'Occident en 1054.

"C'est un voyage plein d'engagements, qui a été très désiré par mon frère Kirill, par moi-même et par les Mexicains", avait déclaré le pape aux journalistes présents dans l'avion l'ayant mené La Havane.

L'entretien, que le Vatican tentait d'organiser en vain depuis des décennies, a été tenu secret jusqu'au dernier moment tant les résistances étaient grandes au sein du patriarcat. "La Russie peut donner beaucoup" pour la paix mondiale, avait récemment déclaré le pape.

Méfiance à l'égard d'une Eglise catholique perçue comme prosélyte, crise ukrainienne où les Grecs catholiques ont pris le parti de Kiev contre les prorusses: les rancoeurs ne manquent pas envers Rome, même si le saint-siège a évité de condamner ouvertement la politique de M. Poutine en Ukraine.

Dans la foulée du rendez-vous fondateur entre Paul VI et Athénagoras en 1964 à Jérusalem, de nombreuses rencontres et déclarations communes ont déjà eu lieu entre un pape et le patriarche de Constantinople, théoriquement chef spirituel du monde orthodoxe, mais qui n'a d'autorité directe que sur 3,5 millions de fidèles.

Cuba est la première étape du périple latino-américain de onze jours de Kirill qui doit le mener au Paraguay puis au Brésil.

ats, afp

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