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Le président libanais rejette toute enquête internationale

Des secouristes allemands fouillent les décombrs à la recherches de corps et de survivants. © KEYSTONE/EPA/WAEL HAMZEH
Des secouristes allemands fouillent les décombrs à la recherches de corps et de survivants. © KEYSTONE/EPA/WAEL HAMZEH
Des secouristes allemands fouillent les décombrs à la recherches de corps et de survivants. © KEYSTONE/EPA/WAEL HAMZEH
Des secouristes allemands fouillent les décombrs à la recherches de corps et de survivants. © KEYSTONE/EPA/WAEL HAMZEH


Publié le 07.08.2020


Le président libanais, Michel Aoun, a rejeté vendredi toute enquête internationale sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth. Il a affirmé que la négligence ou un missile serait à l'origine du cataclysme. Les secouristes s'activent toujours sur le terrain.

"Il est possible que cela ait été causé par la négligence ou par une action extérieure, avec un missile ou une bombe", a déclaré M. Aoun vendredi à la presse. Il a rejeté les appels à l'ouverture d'une enquête internationale car elle "diluerait la vérité".

C'est la première fois qu'un dirigeant libanais évoque une piste extérieure. Les autorités ont affirmé jusqu'à présent que l'explosion a été provoquée par un incendie dans un énorme dépôt de nitrate d'ammonium, une substance chimique dangereuse.

Le chef du mouvement libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a "nié catégoriquement" vendredi que son organisation possédait un "entrepôt d'armes" dans le port de Beyrouth. "Je nie totalement, catégoriquement, qu'il y ait quoi que ce soit à nous dans le port", a martelé le chef du Hezbollah dans une allocution télévisée. Des accusations ont circulé dans les médias ou au sein de l'opinion publique et pointé du doigt l'influent mouvement chiite libanais.

Indignation

Cette déflagration d'une puissance inouïe, la plus dévastatrice jamais survenue au Liban, alimente la colère d'une population mobilisée contre les dirigeants du pays depuis l'automne 2019, notamment lors de manifestations ayant rassemblé des centaines de milliers de personnes.

Une indignation d'autant plus grande que le gouvernement est incapable de justifier la présence de 2700 tonnes de nitrate d'ammonium dans un entrepôt du port de Beyrouth depuis six ans et "sans mesures de précaution", de l'aveu même du Premier ministre.

Près de l'épicentre de la déflagration, dans le port devenu un champ de ruines, des secouristes français, italiens, allemands et autres coordonnent leurs efforts à proximité de silos géants de céréales détruits, d'après un correspondant de l'AFP. Ils ont retrouvé quatre corps vendredi matin.

"Profond changement"

Selon le dernier bilan, l'explosion a fait au moins 154 morts, plus de 5000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri. Une source judiciaire a rapporté vendredi cinq nouvelles arrestations parmi les fonctionnaires des services des douanes et du port, notamment des ingénieurs, portant à 21 le nombre de personnes en détention.

Le président français Emmanuel Macron, en déplacement jeudi à Beyrouth, a réclamé une enquête internationale sur l'explosion et a appelé les dirigeants libanais à opérer un "profond changement". M. Aoun a jugé vendredi nécessaire de revoir un régime politique "paralysé".

Le président français a annoncé l'organisation "dans les tout prochains jours" d'une conférence d'aide humanitaire d'urgence pour le Liban, en plein naufrage économique depuis plusieurs mois. La Commission européenne a fait savoir vendredi qu'elle y participerait. Le président du Conseil européen Charles Michel a prévu de se rendre samedi à Beyrouth, pour témoigner de la "solidarité" des Européens "choqués et attristés".

"Besoins énormes"

Dans une capitale aux airs post-apocalyptiques et face à l'incurie du gouvernement, un vaste élan de solidarité a poussé des centaines de Libanais à poursuivre les opérations de déblaiement ou à accueillir des sans-abri.

L'Organisation mondiale de la santé s'est inquiétée de la saturation des hôpitaux, des pénuries de médicaments et d'équipements médicaux, réclamant quinze millions de dollars. "Les besoins sont énormes et immédiats", a aussi déploré l'UNICEF, précisant que jusqu'à 100'000 enfants ont perdu leur toit.

Plusieurs pays ont dépêché du matériel médical et sanitaire ainsi que des hôpitaux de campagne. L'Union européenne a débloqué 33 millions d'euros en urgence, l'armée américaine a déjà remis au Liban plusieurs cargaisons d'eau, de nourriture et de médicaments.

L'agence d'aide internationale des Etats-Unis (USAid) a annoncé vendredi l'envoi immédiat de quinze millions de dollars de nourriture et de médicaments, équivalent à trois mois de nourriture pour 50'000 personnes et à trois mois de médicaments pour 60'000 personnes.

ats, afp

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