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Destitution: témoignage "explosif" au Congrès, Trump en difficulté

Bill Taylor, chargé d'affaires américain en Ukraine, a renforcé, lors d'un témoignage à huis clos, les soupçons pesant contre le président américain Donald Trump. © KEYSTONE/EPA/MICHAEL REYNOLDS
Bill Taylor, chargé d'affaires américain en Ukraine, a renforcé, lors d'un témoignage à huis clos, les soupçons pesant contre le président américain Donald Trump. © KEYSTONE/EPA/MICHAEL REYNOLDS


Publié le 22.10.2019


Un diplomate américain en poste à Kiev a livré mardi devant le Congrès un témoignage "explosif" dans l'affaire ukrainienne. Il a placé Donald Trump, qui est sous la menace d'une procédure de destitution, dans une situation particulièrement délicate.

Très remonté, le président américain a de son côté comparé la procédure le visant à un "lynchage". Ce mot est lourd de sens aux Etats-Unis, où il est associé aux meurtres de Noirs par des Blancs aux XIXe et XXe siècles, essentiellement dans le Sud.

Les élus de la Chambre des représentants cherchent à déterminer si Donald Trump a utilisé la politique étrangère américaine à des fins politiques personnelles. Concrètement, il veulent comprendre si le président de la première puissance mondiale a fait pression sur l'Ukraine, chantage économique à l'appui, pour que ce pays enquête sur son rival démocrate Joe Biden.

"Troublant et explosif"

Selon le Washington Post, Bill Taylor, chargé d'affaires américain en Ukraine, a renforcé mardi, lors d'un témoignage à huis clos, les soupçons pesant contre le locataire de la Maison Blanche. Il a relaté que Gordon Sondland, ambassadeur américain auprès de l'Union européenne (UE), lui avait clairement indiqué que M. Trump avait lié le déblocage d'une aide à l'Ukraine à l'annonce par Kiev d'une enquête visant le fils de M. Biden, qui fut au conseil d'administration d'une entreprise ukrainienne.

M. Sondland "m'a dit (..) que tout était lié à une telle annonce, y compris l'aide économique", a-t-il raconté, selon le quotidien. "Ce que j'ai entendu aujourd'hui de la part de Bill Taylor était très troublant et explosif", a tweeté l'élu démocrate du Congrès Adriano Espaillat. "C'était tout simplement le témoignage le plus accablant que j'ai entendu", a surenchéri l'élue Debbie Wasserman Schultz, également démocrate.

Dans un message daté de début septembre adressé à M. Sondland, M. Taylor s'inquiétait ouvertement des pressions exercées par la Maison Blanche sur la présidence ukrainienne. Je "trouve ça dingue de suspendre l'aide sécuritaire en échange d'un coup de main pour une campagne politique", écrivait-il.

"Lynchage?" Un mot "regrettable"

Quelques heures avant le témoignage de Bill Taylor, M. Trump s'était plus que jamais posé en victime. "Un jour, si un démocrate devient président et que les républicains remportent la Chambre des représentants, même avec une toute petite marge, ils peuvent lancer une procédure de mise en accusation du président, même sans respect des procédures, sans équité ou sans droits", avait tweeté le milliardaire républicain.

"Tous les républicains doivent se souvenir de ce à quoi ils assistent ici: un lynchage". Le tweet matinal a suscité de très vives réactions dans la capitale fédérale américaine, pourtant habituée aux déclarations volontairement provocatrices de l'ancien homme d'affaires de New York.

"Un lynchage? 4743 personnes ont été lynchées aux Etats-Unis entre 1882 et 1968, parmi lesquels 3446 Afro-Américains", a réagi Kristen Clarke, présidente d'une association de défense des droits civiques. Et de souligner que les lynchages furent un chapitre "répugnant" de l'histoire américaine.

La Maison Blanche a défendu l'utilisation de ce mot en assurant que le président ne faisait pas de référence historique. "Le président n'essayait pas du tout de se comparer à l'histoire terrible de ce pays", a déclaré Hogan Gidley, porte-parole de l'exécutif.

ats, afp

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