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Pouvoir et opposition se renvoient la responsabilité de l'attentat

Un attentat à la grenade a fait deux morts dans la capitale malgache. Sans donner aucune information sur l'enquête en cours, le président Hery Rajaonarimampianina, a rapidement évoqué une piste politique (archives). © KEYSTONE/EPA/DANIEL GETACHEW
Un attentat à la grenade a fait deux morts dans la capitale malgache. Sans donner aucune information sur l'enquête en cours, le président Hery Rajaonarimampianina, a rapidement évoqué une piste politique (archives). © KEYSTONE/EPA/DANIEL GETACHEW


Publié le 27.06.2016


L'opposition malgache et le président Hery Rajaonarimampianina se renvoyaient lundi la responsabilité de l'attentat, la veille, dans un stade de la capitale Antananarivo, sur fond de climat politique tendu. Trois personnes, dont un bébé, y ont trouvé la mort.

Dimanche, une explosion a eu lieu en début de soirée dans le stade municipal de Mahamasina. Un concert gratuit à l'occasion de la fête de l'indépendance de cette ancienne colonie française y avait lieu. Des premiers bilans faisaient état de deux morts, deux adolescents. Mais le Premier ministre malgache a annoncé lundi un décès supplémentaire, celui d'un bébé de quatorze mois.

L'attaque a par ailleurs fait "91 blessés", a-t-il précisé. "L'enquête suit son cours, on ne va pas rester les bras croisés. Le gouvernement prend en main la situation", a ajouté Olivier Mahafaly Rakotonandrasana. Il a cependant refusé de dire si des arrestations avaient été menées.

"Les premiers éléments de l'enquête ont fait clairement apparaître qu'il s'agit d'un acte criminel volontaire et prémédité. L'explosion provenait d'une bombe artisanale bourrée de billes", souligne un communiqué du Conseil du gouvernement publié lundi soir.

Le président malgache avait laissé entendre dimanche que l'attentat avait des motifs politiques: "Une divergence de point de vue peut exister entre nous. Mais les actes de déstabilisation sont inadmissibles. Si le dirigeant ne vous convient pas (...) on ne peut pas tuer comme ça la population", avait-il déclaré dans les heures suivant l'explosion.

"Acte lâche"

"C'est trop facile d'accuser l'opposition", a rétorqué lundi matin le député Guy Rivo Randroanarisoa, partisan de l'ex-président Marc Ravalomanana. Ce dernier est considéré aujourd'hui comme l'un des opposants de l'actuel chef de l'Etat Hery Rajaonarimampianina.

"Je ne suis pas convaincu que ce soit la divergence de point de vue qui pousse des gens à commettre une telle atrocité" a indiqué pour sa part Omer Beriziky. Ancien premier ministre de 2011 à 2014, il est l'une des voix critiques envers le régime actuel.

Selon une source médicale en charge des premiers soins des blessés qui a requis l'anonymat, les services de sécurité du stade ont rapidement été débordés. Ils ont laissé des gens entrer et sortir sans fouille. Au vu des traces de l'impact, l'engin explosif a pu être lancé depuis les gradins du stade, selon cette même source.

La secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, a condamné l'attentat perpétré à Antananarivo. "Cet acte lâche et criminel est aussi choquant que révoltant. Il vient créer un climat d'insécurité et traumatiser toute une population célébrant avec joie et fierté le 56e anniversaire de son indépendance", a-t-elle déclaré.

Madagascar s'efforce d'émerger doucement d'une très longue période d'instabilité politique. Celle-ci a débuté en 2009, lorsque le maire d'Antananarivo Andry Rajoelina a renversé le président Marc Ravalomanana.

ats, afp

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