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Drame de Villeneuve (VD): prison à vie requise pour un parricide

Le procureur a requis la prison à vie à l'encontre de la mère (archives). © /AP/THOMAS KIENZLE
Le procureur a requis la prison à vie à l'encontre de la mère (archives). © /AP/THOMAS KIENZLE


Publié le 21.09.2017


Le Ministère public a requis jeudi à Vevey (VD) la prison à vie à l'encontre de la mère qui a tué son père octogénaire en novembre 2014 à Villeneuve. Il a demandé 14 ans de réclusion à l'encontre du petit-fils, entraîné dans cette funeste vengeance.

Le Parquet a retenu l'assassinat pour les deux co-accusés, mais il a requis des peines sensiblement différentes. Il a tenu compte de l'énorme emprise de la mère sur son fils, alors âgé de 20 ans,

Argent

Pour la mère, 52 ans, le Ministère public ne voit aucune circonstance atténuante. Son mobile, c'est l'argent. Elle avait peur d'être dépossédée d'une partie de son héritage et n'a pas montré de repentir sincère. "Il y a eu des larmes, mais je n'ai pas entendu une vraie affliction", a dit le procureur Hervé Nicod.

Le Parquet ne croit pas à sa version de "fille martyrisée et abusée par son père", un "monstre", un "être maléfique". "C'est un tableau que l'on tente de peindre pour justifier l'injustifiable".

Le remariage, un détonateur

Tout s'est "précipité" lorsqu'il a lancé l'idée - probablement un canular - de se remarier à 83 ans. Elle a craint de voir filer une partie de son héritage. "Par appât du gain", elle a échafaudé sa virée funeste du soir du 5 novembre 2014.

La mère et le fils, habillés de noir, se sont discrètement rendus au domicile de l'aïeul. Sous un prétexte non précisé, ils l'ont attiré dehors puis poussé dans les escaliers. Ils l'ont ensuite roué de coups et étranglé avec une écharpe, celle-là même que le petit-fils avait offerte à son grand-père pour Noël.

Peine maximale

La mère a agi avec une absence particulière de scrupules et pour un mobile futile, ce qui caractérise l'assassinat. C'était un acte "réfléchi, organisé, planifié". Fait aggravant, elle a entraîné son fils avec elle. Le procureur a réclamé la peine maximale, la prison à vie, ne tenant pas compte de la légère diminution de responsabilité pénale préconisée par l'expert psychiatre.

Le tableau est un peu moins sombre pour le fils. Il a tué "lâchement" et de "manière ignoble" ce grand-père qui "ne lui avait fait aucun tort", "épousant ainsi la cause de sa mère". Mais il était sous la forte emprise de celle-ci. "Je suis convaincu qu'il n'était pas en mesure d'apprécier la portée de son acte", a dit le procureur.

Immense différence

De plus, le jeune homme a fait du chemin en prison, où il est apprécié de tout le personnel. Il s'est détaché de sa mère. Il est plein de remords et ne se cherche pas d'excuses. "Cela n'enlève rien à son crime, mais cela crée une énorme différence", a dit M. Nicod.

Son avocat Me Patrick Michod va plus loin. Il a demandé au tribunal d'écarter l'assassinat au profit du meurtre, et de prononcer la peine la plus basse possible, sans la préciser. Pour rappel, l'infraction est passible de cinq ans de prison au moins.

Il a expliqué que le jeune homme souffrait d'un énorme sentiment d'abandon depuis le suicide de son père. Ce jour-là, il n'avait "aucun autre mobile que sauver sa mère", qu'il croyait en danger.

ats

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