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Kaczynski juge illégale la procédure de l'UE contre son pays

Le chef de file du parti Droit et justice (PiS, eurosceptique) au pouvoir en Pologne a rejeté jeudi une exigence formulée mercredi par la Commission européenne (archives). © KEYSTONE/AP/CZAREK SOKOLOWSKI
Le chef de file du parti Droit et justice (PiS, eurosceptique) au pouvoir en Pologne a rejeté jeudi une exigence formulée mercredi par la Commission européenne (archives). © KEYSTONE/AP/CZAREK SOKOLOWSKI


Publié le 28.07.2016


Le chef du parti conservateur au pouvoir en Pologne, Jaroslaw Kaczynski, juge illégale la procédure engagée par la Commission européenne contre son pays au sujet du respect de l'Etat de droit. Il s'exprime jeudi dans le quotidien allemand Bild.

"Cette procédure se situe totalement en dehors du cadre des traités de l'Union européenne, ce n'est rien d'autre qu'une occupation pour faire plaisir à la Commission et à ses fonctionnaires", a-t-il déclaré.

La Commission européenne a donné mercredi trois mois à Varsovie pour revoir le fonctionnement de son tribunal constitutionnel, cible des conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir.

Il s'agit d'une nouvelle étape, la deuxième, franchie dans la procédure inédite déclenchée contre Varsovie sur l'Etat de droit, qui peut éventuellement aboutir en dernier recours à des sanctions comme une suspension des droits de vote de la Pologne au sein de l'UE.

Ironie

M. Kaczynski a ironisé au sujet du commissaire néerlandais chargé du dossier à Bruxelles, le vice-président de l'exécutif européen, Frans Timmermans, soulignant qu'il venait d'un pays, les Pays-Bas, "où il n'y a même pas un tribunal constitutionnel". "C'est absurde", a-t-il dit.

Le président du parti Droit et Justice (PiS) s'en est par ailleurs une nouvelle fois pris à la politique d'accueil généreuse d'Angela Merkel à l'égard des réfugiés. "J'aimerais bien que la chancelière m'explique ce qui lui est passé par la tête lorsqu'elle a ouvert les frontières, cela dépasse mon entendement", a-t-il estimé.

Depuis qu'il a remporté les élections législatives d'octobre dernier, le PiS a imposé au Tribunal constitutionnel et à la radiotélévision nationale des réformes qui, aux yeux de la Commission européenne, révisent à la baisse les critères de l'UE en matière de démocratie.

La Constitution polonaise de 1997 confère au Tribunal constitutionnel le pouvoir de bloquer une loi approuvée par le parlement et par le chef de l'Etat. Mais le parlement contrôlé par le PiS a approuvé en décembre dernier une loi stipulant qu'il faudrait désormais une majorité des deux tiers au sein du Tribunal constitutionnel pour s'opposer à une loi.

Sous la pression de l'UE, le parlement polonais a décidé la semaine dernière d'en revenir à la majorité simple qui prévalait avant la loi votée en décembre. Mais il a ajouté une clause permettant de repousser toute décision du Tribunal constitutionnel de six mois sur simple demande d'au moins quatre de ses 15 juges.

Attachement à l'UE

"La Pologne est un Etat souverain. Nous voulons les mêmes droits que l'ensemble des autres pays de l'UE. Pas plus, pas moins", déclare le chef du PiS dans l'interview à Bild.

Jaroslaw Kacyznski ajoute que la Pologne reste attachée à son adhésion à l'UE et il dit ne pas s'attendre à la tenue d'un référendum comme celui par lequel, le 23 juin, les Britanniques ont choisi de se retirer du bloc européen.

"Quatre-vingt dix pour cent des citoyens s'opposeraient à un retrait (de l'UE). Nous, les Polonais, sommes et restons des Européens convaincus", déclare Kacyznski.

ats, afp, reu

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