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L'Allemagne enquête sur des soupçons d'espionnage de la Turquie

Le ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe, Boris Pistorius, ici lors d'un point-presse, a exhorté le gouvernement de la chancelière Angela Merkel à trouver "les mots justes et clairs" face à Ankara (archives). © KEYSTONE/EPA/FOCKE STRANGMANN
Le ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe, Boris Pistorius, ici lors d'un point-presse, a exhorté le gouvernement de la chancelière Angela Merkel à trouver "les mots justes et clairs" face à Ankara (archives). © KEYSTONE/EPA/FOCKE STRANGMANN


Publié le 28.03.2017


Le Parquet fédéral allemand a ouvert une enquête contre X en réaction aux soupçons d'espionnage pesant sur la Turquie. Celle-ci aurait surveillé des partisans du prédicateur Fethullah Gülen en Allemagne, a annoncé une porte-parole mardi.

"Le succès de notre enquête dépendra en grande partie des informations que nous livreront les autorités du contre-espionnage allemand", a ajouté Frauke Köhler alors qu'Ankara est soupçonné d'avoir espionné 300 personnes et organisations en Allemagne jugées proches du mouvement Gülen, accusé par le pouvoir turc du putsch raté de l'été dernier.

L'affaire a été révélée par un haut responsable régional allemand. "Concernant le comportement des autorités turques, nous devons très clairement dire (...) qu'il s'agit d'une peur du complot qu'on peut qualifier de paranoïaque", a indiqué le ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe (nord-ouest), Boris Pistorius.

"Inacceptable"

"C'est tout à fait insupportable et inacceptable", a lancé M. Pistorius. Il a exhorté le gouvernement de la chancelière Angela Merkel, qui sort juste d'une violente passe d'armes avec la Turquie autour de la campagne sur le référendum turc du 16 avril, à trouver "les mots justes et clairs" face à Ankara.

Environ 10 à 15 de ces cibles, dont au moins une école et deux entreprises, se trouvent en Basse-Saxe et seront informées par les autorités régionales qu'elles sont espionnées. Elles risquent à ce titre "des représailles pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement" en se rendant en Turquie, a précisé M. Pistorius.

Le ministre a affirmé ne disposer "d'aucun élément liant des partisans de Gülen à une quelconque infraction pénale", ou les impliquant "dans le putsch" déjoué en juillet dernier contre le président Recep Tayyip Erdogan.

Tensions germano-turques

L'insistance d'Ankara à faire porter à Fethullah Gülen la responsabilité du coup d'Etat manqué de juillet dernier a déjà été l'occasion de tensions germano-turques ces dernières semaines, parmi les nombreux sujets de discorde entre les deux pays.

Les autorités turques ont convoqué mardi dernier le chargé d'affaires allemand à Ankara pour protester contre les doutes exprimés par le patron des services de renseignement extérieur allemands (BND) Bruno Kahl sur l'implication du prédicateur exilé aux Etats-Unis.

Le patron du renseignement intérieur allemand, Hans-Georg Maassen, s'était lui inquiété début mars de la recrudescence des activités des services turcs en Allemagne.

Les relations entre la Turquie et l'Allemagne se sont ternies sur de nombreux fronts depuis la vaste répression engagée par Ankara après le putsch. Elles s'étaient fortement dégradées en mars après l'annulation de meetings favorables au président Recep Tayyip Erdogan par plusieurs villes allemandes.

ats, afp

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