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L'Iranien Farhadi, déjà une légende, triomphe de nouveau aux Oscars

Asghar Farhadi a été félicité par le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif (archives). © KEYSTONE/AP/MICHEL EULER
Asghar Farhadi a été félicité par le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif (archives). © KEYSTONE/AP/MICHEL EULER


Publié le 27.02.2017


A 44 ans, le metteur en scène iranien Asghar Farhadi, déjà une légende dans son pays, a remporté son second Oscar du meilleur film étranger pour "Le Client". Mais il n'est pas venu chercher sa récompense, car il protestait contre le décret migratoire de Donald Trump.

Fin janvier, il avait dénoncé les restrictions d'entrée aux Etats-Unis imposées par le président américain aux ressortissants d'Iran, de Syrie, du Yémen, de Libye, d'Irak et du Soudan. Dans une déclaration lue en son nom, M. Farhadi a indiqué n'avoir pas voulu venir à Los Angeles par solidarité pour les gens qui n'avaient pas été respectés par le décret anti-immigration de M. Trump.

"Diviser le monde entre les catégories 'Etats-Unis' et 'Nos ennemis' crée la peur, une justification trompeuse pour l'agression et la guerre", a dit le réalisateur, cité par l'ingénieure et astronaute née en Iran Anousheh Ansari.

Félicitations de Téhéran

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a exprimé lundi sa "fierté" après l'attribution de cet Oscar au film d'Asghar Farhadi. "Fier de l'Oscar et de la position contre 'l'interdiction des musulmans' de la part des acteurs et de l'équipe du 'Client'", a-t-il écrit sur son compte Twitter quelque instants après l'attribution de cette récompense.

"Les Iraniens ont représenté la culture et la civilisation depuis deux millénaires", a ajouté le ministre. A Téhéran, le chef de l'Organisation du cinéma iranien, Hojatollah Ayoubi, a lui aussi félicité M. Farhadi, "éloquent ambassadeur de la culture et de la civilisation de l'Iran islamique".

Asghar Farhadi est devenu célèbre dans le monde grâce à son film "Une séparation". Cette chronique d'un divorce et d'une fillette ballotée entre ses deux parents en train de se déchirer, décrit les fractures de la société iranienne.

Sorti en 2011, il a reçu une moisson de récompenses, dont l'Oscar et le Golden Globe du Meilleur film en langue étrangère, le César du Meilleur film étranger et l'Ours d'Or du Festival de Berlin. Des prix accordés au cinéma iranien alors que le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad était encore au pouvoir.

Censure et auto-censure

Asghar Farhadi, qui a longtemps travaillé en Iran, a su transformer les restrictions imposées par le régime à Téhéran en sources de créativité. "Il existe deux types de censure: la censure officielle et l'auto-censure, ce qui est beaucoup plus dangereux", selon lui.

Il ajoute que, si à l'extérieur du pays "les restrictions ne me pèsent plus", il est "toujours conditionné" par les années passées en Iran. Le tournage d'"Une séparation" à Téhéran avait dû être interrompu, car M. Farhadi avait pris position en faveur de certains de ses confrères réalisateurs persécutés.

L'affaire avait été résolue après des excuses. Mais le metteur en scène avait reconnu à Berlin que, "comme tout réalisateur iranien", il avait toujours peur de ne pas pouvoir continuer à tourner dans son propre pays.

ats, afp

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