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L'opposition proche de remplacer les sociaux-démocrates

Gabrielius Landsbergis, le candidat par lequel le changement pourrait arriver (archives) © KEYSTONE/AP/MINDAUGAS KULBIS
Gabrielius Landsbergis, le candidat par lequel le changement pourrait arriver (archives) © KEYSTONE/AP/MINDAUGAS KULBIS


Publié le 23.10.2016


Les Lituaniens participent ce dimanche au 2e tour des élections législatives qui pourraient sceller le succès de deux partis d'opposition, les centristes et les conservateurs. Ces derniers pourraient brûler la politesse aux sociaux-démocrates au pouvoir depuis 4 ans.

Les conservateurs de l'Union de la patrie (chrétiens-démocrates) ont remporté le premier tour du scrutin avec 21,7% des voix (22 sièges), suivis de près par l'Union des paysans et verts (LPGU, centre) qui a obtenu, elle, 21,53% des suffrages (21 sièges). Les sociaux-démocrates sont arrivés en 3e position (14,42%, 10 sièges), un coup dur pour le Premier ministre Algirdas Butkevicius. Restent à pourvoir 68 sièges sur les 141 que compte le Sejmas (parlement).

Trois autres petits partis sont aussi dans la course, ce qui présage de difficiles négociations sur la formation du futur gouvernement.

Les bureaux de vote ont ouvert à 06h00 (heure suisse) et fermeront à 19h00 (heure suisse). Les résultats sont attendus dans la soirée.

Cote en hausse pour Landsbergis

Les candidats se sont concentrés sur la lutte contre les disparités sociales, promettant des hausses du salaire minimum et la création de nouveaux emplois dans ce pays dont la population a chuté à 2,9 millions d'habitants suite à un exode massif de Lituaniens à la recherche de meilleurs salaires à l'étranger.

Depuis l'adhésion de la Lituanie à l'UE en 2004, quelque 370'000 Lituaniens ont quitté leur pays, dont la moitié pour la Grande-Bretagne où la vague des travailleurs d'Europe centrale est considérée comme une des raisons du "oui" en faveur du Brexit.

Pressenti comme futur Premier ministre, le leader des conservateurs Gabrielius Landsbergis, 34 ans, s'est présenté comme l'homme du "changement". Petit-fils du père de l'indépendance lituanienne en 1990, le compositeur Vytautas Landsbergis, il a promis de lutter contre l'émigration massive, créer de nouveaux emplois, réformer l'éducation et favoriser les exportations et les investissements étrangers.

Ce politicien qui a toutes les chances de devenir le plus jeune chef de gouvernement dans l'Union européenne a su se rallier les jeunes électeurs. "Je suis pour une coalition dirigée par les conservateurs de l'Union de la patrie... Les sociaux-démocrates ont déjà eu leur chance pendant 4 ans", résume un étudiant en biochimie de Vilnius.

Electeurs découragés

Algirdas Butkevicius a lui aussi promis des hausses du salaire minimum et des salaires dans le secteur public. Mais les analystes soulignent qu'une nouvelle loi de travail que son gouvernement a passée pour rendre plus flexible l'emploi et le licenciement des salariés, tout comme des accusations de corruption envers les hommes politiques, ont découragé les électeurs.

L'économie lituanienne a opéré un remarquable redressement après la crise de 2008 et pourrait croître cette année de 2,5%. Mais le salaire mensuel moyen d'un peu plus de 600 euros nets (environ 650 francs) est parmi les plus bas dans l'Union européenne, avec des taux d'inégalités et de pauvreté relativement élevés.

Selon les analystes, c'est le parti des agriculteurs et des verts (aujourd'hui en dehors du parlement), dirigé par le charismatique ancien chef de la police nationale Saulius Skvernelis, qui fera basculer la balance dans les futures négociations.

M. Skvernelis a déjà affirmé qu'il était ouvert à une coalition aussi bien avec les conservateurs que les sociaux-démocrates.

Négociations ardues

Si les centristes et les conservateurs arrivent au coude à coude au 2e tour, les négociations de coalition seront difficiles, estime le politologue de l'Université de Vilnius, Mazvydas Jastramskis. "Ce ne sera pas une bonne situation si les deux partis obtiennent un même résultat. Chacun voudra diriger les négociations", a-t-il expliqué.

Selon lui, la présidente non affiliée Dalia Grybauskaite pourrait, elle aussi, "inviter les leaders qu'elle souhaite voir autour de la table de négociations". Mme Grybauskaite n'a pas manqué récemment de critiquer Algirdas Butkevicius, laissant entendre qu'elle optait pour "un changement".

ats, afp

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