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La Côte d'Ivoire plonge dans la crise préélectorale: sept morts

La Côte d'Ivoire est sous tension à l'approche de l'élection présidentielle: une voiture est incendiée lors d'une protestation de l'opposition à Abidjan (image d'illustration). © KEYSTONE/EPA/LEGNAN KOULA
La Côte d'Ivoire est sous tension à l'approche de l'élection présidentielle: une voiture est incendiée lors d'une protestation de l'opposition à Abidjan (image d'illustration). © KEYSTONE/EPA/LEGNAN KOULA


Publié le 21.10.2020


La Côte d'Ivoire a plongé dans une violente crise préélectorale. Sept personnes ont été tuées et une quarantaine blessées dans des affrontements intercommunautaires qui durent depuis lundi à Dabou, à 50 km à l'ouest d'Abidjan, à dix jours de l'élection présidentielle.

Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010, se présente à un troisième mandat controversé, tandis que les candidatures de plusieurs figures de l'opposition ont été invalidées.

Quatre corps ont été retrouvés "dans une cour de Dabou aujourd'hui" mercredi "et trois morts hier" mardi, a déclaré à l'AFP le préfet de Dabou, Remy Nzi Kanga, ajoutant qu'il y avait aussi "une quarantaine de blessés".

Le bilan pourrait encore s'alourdir: le préfet, le maire de Dabou Jean-Claude Yede Niangne ainsi que des témoins ont mentionné des tirs de fusils d'assaut. M. Nzi Kanga a précisé que "les jeunes (de la région) n'ont pas ce type d'armes". Il a assuré que la situation était "en voie de normalisation" après l'envoi de renforts.

Ecole incendiée

Selon des témoignages d'habitants, des premiers troubles ont commencé lundi et ont dégénéré en affrontements intercommunautaires mardi entre membres Adioukrous (ethnie locale, réputée favorable à l'opposition) et Dioulas (ethnie du Nord, réputée pro-pouvoir).

Un jeune a été tué mardi à coups de machettes à Kpass, un village d'un millier d'habitants en périphérie de Dabou. Selon le chef du village Gbari Kock Yed, "l'attaque a été menée par des jeunes Malinkés ou Dioulas qui ont incendié une partie de l'école du village, pillé le domicile des enseignants et brutalisé plusieurs villageois".

Peur d'une vengeance

"La situation est très volatile, les autres habitants des villages environnants crient vengeance et projettent une descente musclée sur la ville. Nous avons peur, nous sommes cloués à la maison", a rapporté à l'AFP un habitant.

Les craintes de nouvelles violences meurtrières sont grandes, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara. Survenant après une décennie de tensions qui avaient coupé le pays en deux, elle avait fait 3000 morts.

Une vingtaine de personnes sont mortes depuis le mois d'aout dans des violences liées à la présidentielle du 31 octobre, à laquelle le président Alassane Ouattara se présente pour un troisième mandat vivement contesté par ses opposants.

Ce week-end, des violences intercommunautaires avaient déjà eu lieu à Bongouanou, à 200 km au nord d'Abidjan, fief de l'ex-premier ministre Pascal Affi N'Guessan, candidat à la présidentielle face au président Alassane Ouattara.

"Coup d'Etat électoral"

A Abidjan, l'opposition ivoirienne a estimé que la mission de médiation ouest-africaine venue dimanche et lundi à Abidjan a été un "échec" et a demandé à ses militants d'intensifier leurs actions de "désobéissance civile". Elle a dénié au gouvernement la "légitimité" pour organiser des pourparlers.

La Cédéao avait appelé lundi le pouvoir et l'opposition à "des efforts considérables" pour apaiser la situation, invitant l'opposition à "reconsidérer sérieusement" sa "décision de boycotter l'élection", ainsi que son appel à la "désobéissance civile".

"La désobéissance civile continue et doit s'intensifier de manière pacifique pour mettre fin au coup d'Etat électoral" du pouvoir, a répondu Pascal Affi N'Guessan lors d'une conférence de presse.

Il a affirmé que lui-même et Henri Konan Bédié, le chef du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, principal mouvement d'opposition), maintenaient leurs candidatures à la présidentielle, tout en boycottant le processus électoral. "Nous sommes jusqu'à preuve du contraire candidats pour qu'il y ait un processus électoral inclusif", a-t-il expliqué.

ats, afp

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