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La Somalie a un nouveau 1er ministre, pas d'élections universelles

Le gouvernement fédéral, ici le président Mohamed Abdullahi Mohamed, était embourbé dans de longues négociations avec les États régionaux somaliens au sujet de l'organisation des élections législatives et présidentielles. © KEYSTONE/AP/Farah Abdi Warsameh
Le gouvernement fédéral, ici le président Mohamed Abdullahi Mohamed, était embourbé dans de longues négociations avec les États régionaux somaliens au sujet de l'organisation des élections législatives et présidentielles. © KEYSTONE/AP/Farah Abdi Warsameh


Publié le 18.09.2020


Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a nommé jeudi un nouveau 1er ministre. Cela quelques heures après avoir conclu un accord avec les dirigeants politiques régionaux pour organiser des élections l'année prochaine, qui ne seront toutefois pas universelles.

Ces élections abandonneront en effet la promesse d'introduire un système électoral universel donnant une voix à chaque électeur.

Le bureau de "Farmajo", surnom donné au président, a annoncé tard jeudi la nomination de Mohamed Hussein Roble, un ingénieur civil formé en Suède qui fait ici ses débuts en politique. Il lui "a souhaité de prendre la charge et les tâches à venir avec diligence."

Processus embourbé

Le poste de Premier ministre était vacant depuis le renvoi en juillet par le Parlement de Hassan Ali Khaire, officiellement pour avoir échoué à mettre en route l'organisation de ces élections pleinement démocratiques, initialement prévues pour février 2021.

Le gouvernement fédéral de Mogadiscio, soutenu par la communauté internationale, était embourbé dans de longues négociations avec les États régionaux somaliens au sujet de l'organisation de ces élections législatives et présidentielles. Le processus a patiné en raison de désaccords politiques entre Farmajo et les chefs régionaux.

Délai trop court

La Somalie s'était fixé l'objectif de tenir ses premières élections entièrement démocratiques depuis 1969 en donnant une voix à chaque citoyen lors du scrutin. Selon le complexe système actuel, des délégués spéciaux élisent les parlementaires, qui votent ensuite pour le président.

L'accord trouvé jeudi - impliquant le président, cinq chefs régionaux ainsi que le maire de Mogadiscio - admet qu'instituer un système "un humain une voix" serait impossible dans le délai imparti avant l'expiration du mandat parlementaire en novembre et du mandat de Farmajo en février.

Dans un communiqué officiel, les négociateurs déclarent donc que les délégués, issus de la myriade de clans et sous-clans constituant la population somalienne, éliront les 275 parlementaires de la chambre basse, qui choisira le président.

Bien que semblable à la précédente élection de 2017, ce scrutin offrira cependant un peu plus de représentativité: le nombre de délégués atteindra 27'775, soit près de deux fois plus qu'en 2017.

Aucun calendrier

Aucun calendrier n'a été donné. De plus, le rôle donné à la commission électorale indépendante nationale n'est pas encore clair, le gouvernement fédéral et les États régionaux ayant prévu d'avoir chacun leur propre commission pour superviser les scrutins. L'accord doit encore être entériné par le Parlement somalien.

Les Nations unies avaient qualifié "de réalisation historique" l'introduction annoncée d'un système électoral universel en Somalie, après des décennies de guerre et d'instabilité.

Mais les observateurs de ce pays de la Corne de l'Afrique avaient jugé cette réforme de moins en moins probable en raison des tensions politiques, des aspects techniques et des enjeux de sécurité liés aux insurgés islamistes radicaux shebab, affiliés à Al-Qaïda.

Le fragile gouvernement fédéral contrôle seulement une partie du territoire somalien et ce, avec le soutien pourtant crucial des quelque 20'000 hommes de la force de l'Union Africaine en Somalie (Amisom).

ats, afp

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