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La Turquie suspend la diffusion de dix chaînes pro-kurdes

Manifestation de pro-kurdes à Diyarbakir, où se trouvent la plupart des chaînes suspendues (archives). © KEYSTONE/AP/EMRE TAZEGUL
Manifestation de pro-kurdes à Diyarbakir, où se trouvent la plupart des chaînes suspendues (archives). © KEYSTONE/AP/EMRE TAZEGUL


Publié le 29.09.2016


Les autorités turques ont suspendu jeudi la diffusion satellitaire de dix chaînes pro-kurdes en invoquant l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch avorté de juillet. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a d'ailleurs défendu une reconduction de l'état d'urgence.

Les dix stations de télévision, parmi lesquelles figure une chaîne pour enfants, ont été suspendues mercredi soir du bouquet satellitaire TURKSAT qui les diffusait. La plupart des ces chaînes sont basées à Diyarbakir, dans le sud-est du pays. La diffusion de deux radios a également été suspendue, selon un responsable.

L'état d'urgence a été imposé pour trois mois en Turquie après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet imputée par Ankara à la confrérie de l'ex-prédicateur Fethullah Gülen installé aux Etats-Unis. Le Conseil national de sécurité turc, dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan, a recommandé mercredi soir la reconduction de l'état d'urgence à l'expiration des trois mois initialement prévus.

Même douze mois?

Le Conseil "a estimé que la période de trois mois n'était pas suffisante et qu'il était dans l'intérêt de la Turquie de la prolonger de trois mois", a expliqué M. Erdogan lors d'une allocution devant des élus locaux à Ankara. "Même douze mois pourraient ne pas être suffisants", a-t-il ajouté. "Le gouvernement va prendre les mesures nécessaires".

Selon les autorités turques, quelque 32'000 personnes ont été arrêtées dans le cadre des vastes purges visant des partisans présumés de M. Gülen depuis la mi-juillet.

En même temps, des purges ont également visé les milieux soupçonnés de liens avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, considéré par Ankara comme une "organisation terroriste"). Une trentaine de maires ont été limogés dans le sud-est du pays à majorité kurde et plus de 11'000 enseignants ont été suspendus.

Gülen accuse Erdogan

De son côté, Fethullah Gülen déclare dans une interview à l'hebdomadaire allemand Die Zeit être sûr et certain que le président turc est le véritable responsable du putsch. A la question de savoir si M. Erdogan a ourdi la tentative de coup de force, M. Gülen, qui vit en Pennsylvanie, répond par ces mots: "Jusqu'à maintenant, je pensais seulement que c'était une possibilité. Maintenant, je pense que c'est certain".

Le prédicateur ajoute qu'un officier turc a récemment déclaré que le chef d'état-major général et le chef des services de renseignements s'étaient vus au QG de l'armée le soir du putsch, ajoutant ceci: "Ils savaient déjà tout ce qui allait se dérouler par la suite".

Selon lui, la tentative de coup de force a donné à M. Erdogan un prétexte pour limoger des milliers de personnes considérées commes des opposants, au sein des ministères, de l'armée, de la police et de l'appareil judiciaire, et de faire arrêter des avocats, des hommes d'affaires, des journalistes. Cela avait été préparé à l'avance, dit-il encore.

ats, afp

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