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Le Brexit "renforce les incertitudes" pour l'économie mondiale

Les pays de l'UE "sont bien positionnés" pour contrer "de manière dynamique" les éventuelles répercussions économiques et financières du Brexit, ont estimé les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G20, réunis à Chengdu. © KEYSTONE/EPA AP POOL/NG HAN GUAN/POOL
Les pays de l'UE "sont bien positionnés" pour contrer "de manière dynamique" les éventuelles répercussions économiques et financières du Brexit, ont estimé les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G20, réunis à Chengdu. © KEYSTONE/EPA AP POOL/NG HAN GUAN/POOL


Publié le 24.07.2016


La décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne "renforce les incertitudes" pour l'économie mondiale, ont indiqué dimanche les grands argentiers du G20. Le Brexit s'ajoute aux menaces risquant de faire dérailler l'économie planétaire. La Suisse était invitée.

Toutefois, les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G20, réunis ce week-end dans le sud-ouest de la Chine, ont également voulu envoyer un message rassurant. Les pays de l'UE "sont bien positionnés" pour contrer "de manière dynamique" les éventuelles répercussions économiques et financières du Brexit, selon le communiqué final de la rencontre.

Avant même le résultat du vote britannique, le G20 avait déjà compté le Brexit, il y a trois mois, parmi "les menaces" pour l'économie mondiale.

Nombreuses interrogations

Depuis, le risque s'est concrétisé, et la réunion de Chengdu était hantée par les multiples interrogations subsistant autour de la future forme du divorce entre Londres et l'Europe. Le gouverneur de la Banque du Japon avait insisté samedi qu'il s'agissait d'un sujet "majeur" à l'ordre du jour.

Le Fonds monétaire international (FMI) avait de son côté abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale pour 2016 et 2017, en avertissant que des incertitudes prolongées sur le Brexit pourraient entraîner un ralentissement plus drastique encore.

"Evidemment, les négociations ne vont pas se conclure en une semaine ou même un mois, c'est un processus qui va prendre bien plus longtemps", a reconnu en marge du G20 un haut responsable du Trésor américain. "Si jamais cela tournait à la confrontation massive, ce sera extrêmement déstabilisant pour la confiance" des acteurs économiques.

Fraîchement nommé, le chancelier de l'Echiquier britannique, Philip Hammond, s'est rendu à Chengdu pour tenter de désamorcer la fébrilité générale et rencontrer ses homologues, notamment allemand et français, selon des sources diplomatiques.

Risques variés

Au-delà du cas britannique, "de forts risques persistent (...) la volatilité financière demeure élevée, et les conflits géopolitiques, le terrorisme, les flux de migrants continuent de compliquer l'environnement économique", a poursuivi le communiqué du G20, décrivant une reprise "plus faible qu'espéré".

Insistant sur le fait que les politiques monétaires déjà ultra-accommodantes des grandes banques centrales n'étaient pas suffisantes, plusieurs pays ou organisations comme le FMI avaient appelé les Etats en ayant les moyens à muscler leurs dépenses publiques pour soutenir une croissance fragilisée.

Le communiqué final du G20 appelle, lui, à utiliser "tous les outils disponibles" pour relancer l'activité et renforcer les dépenses d'infrastructures, reprenant une formule déjà employée cette année en dépit des réticences ostensibles de Berlin à ce sujet.

Certains ministres présents au sommet ont par ailleurs appelé à renforcer la coordination des administrations fiscales et les échanges d'informations financières. Avec pour objectif d'enrayer les pratiques d'optimisation agressive des multinationales et offrir une stabilité accrue aux investisseurs.

La Suisse invitée

Côté helvétique, la réunion s'est bien déroulée. "Pour la Suisse, il est important de pouvoir présenter ses points de vue", a indiqué à l'ats Alexander Karrer, secrétaire d'Etat suppléant du Secrétariat d'Etat aux questions financières internationales (SFI), présent en Chine avec le conseiller fédéral Ueli Maurer et le président de la Banque nationale suisse (BNS) Thomas Jordan.

Concrètement, la Suisse, invitée au sommet par la Chine, est intervenue sur plusieurs thématiques principales, comme la réglementation des marchés financiers, où il s'agit de mettre en oeuvre ce qui a été décidé au niveau international. La Confédération a notamment encouragé ses partenaires à suivre ce qu'elle a déjà accompli avec la réglementation de Bâle III et de "too big to fail".

Soutenant les travaux du G20, la délégation helvétique a mis l'accent en particulier sur l'importance de réaliser des réformes structurelles. La politique monétaire atteint ses limites et certains pays ont peu de marge de manœuvre en matière de politique fiscale, a-t-elle constaté.

Au menu des discussions figurait également la fiscalité. Le chef du Département fédéral des finances a soutenu une proposition visant à établir des systèmes fiscaux favorisant la croissance et la prévisibilité.

Enfin, la Suisse a participé à des travaux visant à organiser la connectivité des projets d'infrastructure importants. Elle a notamment présenté l'exemple du tunnel ferroviaire de base du Gothard. Le sujet de la finance verte a par ailleurs également été abordé.

ats, afp

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