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Le Conseil des Etats rejette l'initiative pour les vaches à cornes

L'initiative "Pour la dignité des animaux de rente agricoles" demande de soutenir financièrement la détention de vaches, de taureaux reproducteurs, de chèvres et de boucs reproducteurs tant qu'ils portent leurs cornes (archives). © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
L'initiative "Pour la dignité des animaux de rente agricoles" demande de soutenir financièrement la détention de vaches, de taureaux reproducteurs, de chèvres et de boucs reproducteurs tant qu'ils portent leurs cornes (archives). © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 21.09.2017


Il n'est pas nécessaire de soutenir par des subventions les éleveurs qui ont du bétail à cornes. Se ralliant à la position du gouvernement, le Conseil des Etats a rejeté jeudi l'initiative populaire "Pour la dignité des animaux de rente agricoles".

Après un débat empreint d'émotion, les sénateurs ont fini par refuser le texte par 28 voix contre 8 et 8 abstentions, sans y opposer de contre-projet. Ecorner les animaux vise à leur éviter des blessures et des souffrances inutiles, ont-ils rappelé. Et ces nouveaux paiements directs, estimés à environ 30 millions de francs, seraient à compenser ailleurs dans le budget alloué à l'agriculture.

Citant des statistiques autrichiennes, Peter Hegglin (PDC/ZG) a souligné que 10% des accidents agricoles sont dus aux cornes des animaux. En outre, pour la majorité, soutenir la détention de vaches à cornes risquerait de favoriser la stabulation entravée afin de prévenir les blessures, ce qui réduirait le bien-être animal.

Signification des cornes

Le risque est bien moindre que ne le suggère M. Hegglin, a rétorqué Daniel Jositsch (PS/ZH), car seuls 3% des accidents sont considérés comme graves. D'après le Zurichois, l'atteinte au bien-être de l'animal est bien plus grande que le risque de blessure que l'on cherche à réduire. Et l'initiative n'impose pas l'interdiction d'écorner, les agriculteurs resteraient donc libres de choisir.

Daniel Jositsch a également insisté sur la signification des cornes pour les bovins. C'est un instrument important de communication, a-t-il fait valoir, un outil pour établir la hiérarchie au sein du troupeau. Et Anita Fetz (PS/BS) de surenchérir: "Si la nature a donné des cornes aux vaches, elles y ont droit".

Quant à l'argument des coûts supplémentaires à compenser dans le budget, Mme Fetz le balaye en évoquant la vingtaine de catégories de paiements directs déjà prévus, dont certains - visant un esthétisme végétal - n'apparaissent pas plus pertinents.

Une image suisse

Il faut être cohérent, a plaidé en vain la Bâloise: pourquoi montrer des vaches à cornes sur les briques de lait, si l'on n'en voit plus dans les champs? Un avis partagé par Robert Cramer (Verts/GE), qui soutient le texte notamment pour sa portée économique: "Nous parlons d'une des cartes de visite de la Suisse". Pour le Genevois, défendre les vaches à cornes profite à l'ensemble du pays et pas seulement à l'agriculture.

La majorité du Conseil des Etats a cependant préféré s'en tenir à la législation en vigueur, qui permet déjà de protéger les animaux, et au libre choix des paysans. D'aucuns, comme Thomas Hefti (PLR/GL), considérant même que le sujet de l'initiative n'a pas sa place dans la Constitution.

Initiative d'un Grison

L'initiative populaire "Pour la dignité des animaux de rente agricoles" a été lancée par Armin Capaul, un paysan grison installé à Perrefitte, dans le Jura bernois. Elle demande de soutenir financièrement la détention de vaches, de taureaux reproducteurs, de chèvres et de boucs reproducteurs tant qu'ils portent leurs cornes.

Le Conseil fédéral rejette le texte, a rappelé le ministre de l'agriculture Johann Schneider-Ammann. L'idée d'une telle subvention n'a pas été retenue dans la dernière politique agricole. Et la Confédération soutient déjà les formes de production "particulièrement respectueuses" des animaux. Le Conseil national doit cependant encore se prononcer.

ats

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