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Le Grand Conseil vaudois interdit la mendicité

La mendicité sera interdite sur tout le territoire vaudois (Archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
La mendicité sera interdite sur tout le territoire vaudois (Archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON


Publié le 27.09.2016


Vaud interdit la mendicité. Le Grand Conseil vaudois a voté mardi de justesse une initiative UDC qui réclame une interdiction sur tout le territoire cantonal. Le texte prend force de loi. Il ne devrait pas y avoir de votation populaire.

Les députés ont bataillé pendant plus de deux heures. Les uns jugeaient l'interdiction inefficace, les autres estimaient qu'il était indispensable d'agir. Au final, l'UDC et une large majorité du PLR ont réussi à faire adopter l'initiative déposée en 2013. Elle a passé la rampe par 60 voix contre 56 et 5 abstentions.

Variantes recalées

La conseillère d'Etat Béatrice Métraux a plaidé en vain pour le contre-projet du gouvernement, dont plusieurs variantes étaient sur la table. Elles ne fixaient pas d'interdiction, mais encadraient plus strictement la mendicité, interdisant le recours aux enfants et l'exploitation de la misère d'autrui, autrement dit les réseaux.

Loin d'une stigmatisation qui ne fait que déplacer le problème, le Conseil d'Etat a proposé des mesures "ciblées", estimant que les communes sont les mieux à même de gérer le phénomène sur leur territoire, a-t-elle ajouté. "L'initiative n'apporte aucune nuance et est insuffisamment sévère pour les cas de mendicité aggravée, avec des enfants ou des réseaux", a-t-elle ajouté.

Exemple genevois

Les députés ne l'ont pas suivie. "Vaud doit faire comme Genève. L'interdiction pure et simple est le seul moyen efficace pour lutter contre ce fléau", a lancé l'UDC Philippe Ducommun.

Dans le canton, Lausanne limite la mendicité, la plupart des autres villes l'interdisent. "Lausanne a essayé une demi-mesure qui ne satisfait personne", a déclaré Marc-Olivier Buffat (PLR). "Il est faux de dire que l'interdiction est inefficace. Elle est appliquée avec succès et de manière humaine à Montreux", a-t-il ajouté.

Référendum peu probable

L'initiative stipule que celui qui mendie sera puni d'une amende de 50 à 100 francs. L'amende ira de 500 à 2000 francs pour celui qui envoie mendier des mineurs ou qui organise la mendicité d'autrui. Comme le texte est une initiative législative rédigée de toutes pièces, elle prend force de loi, sans passer par une votation. Un référendum est néanmoins possible, mais il paraît peu probable.

Pour la gauche, les Verts et les partis du centre, une usine à gaz bureaucratique se prépare. L'exemple genevois montre qu'il est difficile de mettre à l'amende les contrevenants.

Moralement aussi, l'interdiction est discutable: "Comment condamner à une amende une personne poussée par la précarité à tendre la main. On n'interdit pas la misère. On la combat", a ajouté Alexandre Démétriadès (PS).

ats

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