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Le parquet espagnol convoque et menace d'arrêter les maires catalans pro référendum

La Catalogne vit depuis le début des années 2010 une poussée de fièvre indépendantiste, liée notamment à l'annulation partielle d'un statut qui lui conférait le titre de "Nation" et des compétences élargies. © KEYSTONE/AP/FRANCISCO SECO
La Catalogne vit depuis le début des années 2010 une poussée de fièvre indépendantiste, liée notamment à l'annulation partielle d'un statut qui lui conférait le titre de "Nation" et des compétences élargies. © KEYSTONE/AP/FRANCISCO SECO


Publié le 13.09.2017


Le parquet général d'Espagne a ordonné mercredi aux procureurs de Catalogne qu'ils citent à comparaître les maires de la région prêts à organiser le référendum d'autodétermination illégal du 1er octobre. Quitte à les faire arrêter s'ils ne se présentent pas.

Le parquet ordonne aux procureurs de "citer à comparaître en tant que mis en examen" les centaines de maires qui se sont déclarés prêts à organiser la consultation, dans un texte transmis à l'AFP. Au cas où un maire ne répondrait pas, le parquet demande "d'ordonner son arrestation" pour qu'il comparaisse.

"Nous n'avons rien à cacher, et quand nous serons convoqués par les parquets, nous leur dirons (...) que nous continuerons à travailler pour pouvoir voter le 1er octobre", a déclaré à des journalistes la présidente de l'Association des maires indépendantistes (AMI), Neus Lloveras. L'association rassemble environ 750 des 948 mairies catalanes.

Plus de 700 maires concernés

Selon une liste diffusée par cette association sur son site internet, 712 maires sont disposés à mettre des locaux à disposition de l'exécutif catalan pour organiser le 1er octobre un référendum d'autodétermination interdit par la Cour constitutionnelle.

Vendredi, la cour avait ordonné qu'ils soient prévenus par écrit des risques encourus s'ils participaient à l'organisation de la consultation en ignorant ses décisions.

Le parquet passe donc à la vitesse supérieure en ordonnant une enquête sur chaque édile afin de déterminer s'ils ont bien confirmé leur participation, et le cas échéant qu'ils "comparaissent en qualité de mis en examen, assistés d'un avocat".

S'ils ne le font pas volontairement, ils devront être arrêtés et amenés par la police catalane au parquet "dans le délai le plus bref possible". Le parquet recommande, "vu le nombre de municipalités concernées", que ses ordres soient mis à exécution en priorité dans les municipalités les plus peuplées.

Cour illégitime

La Catalogne, grande comme la Belgique et comptant 7,5 millions d'habitants, vit depuis le début des années 2010 une poussée de fièvre indépendantiste, liée notamment à l'annulation partielle d'un statut qui lui conférait le titre de "Nation" et des compétences élargies.

Les nationalistes et séparatistes catalans, majoritaires au parlement de cette région du nord-est depuis septembre 2015 réclament depuis 2012 un référendum d'autodétermination, que Madrid leur refuse en s'appuyant sur des arrêts de la Cour constitutionnelle jugeant ce type de consultation anti-constitutionnel.

Mais les indépendantistes jugent cette cour illégitime et politisée, soulignant que sur ses 12 magistrats, 10 ont été nommés par des majorités parlementaires conservatrice et le gouvernement de Mariano Rajoy (droite). Ils ont donc décidé d'ignorer ses arrêts et d'organiser ce référendum à l'issue duquel ils entendent déclarer l'indépendance si le "oui" l'emporte.

ats, afp

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