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Le prince saoudien est derrière le meurtre de Khashoggi, dit la CIA

Le journaliste Jamal Khashoggi a été tué au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre (archives). © KEYSTONE/AP/EMRAH GUREL
Le journaliste Jamal Khashoggi a été tué au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre (archives). © KEYSTONE/AP/EMRAH GUREL


Publié le 17.11.2018


La CIA a conclu que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) a commandité l'assassinat du journaliste et dissident Jamal Khashoggi à Istanbul le mois dernier, rapporte vendredi le Washington Post. Ryad a jusqu'ici démenti toute implication de MBS.

Pour parvenir à ces conclusions, précise le Washington Post, qui cite plusieurs sources anonymes au courant des investigations, la CIA a examiné plusieurs sources de renseignements, notamment un appel entre Khalid ben Salmane, le frère du puissant prince héritier, également ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, et Jamal Khashoggi.

Contactée par l'AFP, l'agence américaine de renseignements a refusé de commenter. La Maison-Blanche et le département d'Etat n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Mais une source au sein des renseignements américains a toutefois indiqué à Reuters que des experts du gouvernement avaient la certitude que MBS avait ordonné l'assassinat du journaliste.

Les Etats-Unis n'ont, à ce stade, abouti à aucune "conclusion définitive" sur les responsabilités dans l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul, a affirmé samedi le département d'Etat américain.

Tout en assurant que les Etats-Unis restaient déterminés à ce que "tous les responsables" du meurtre du journaliste répondent de leurs actes, Heather Nauert, porte-parole de la diplomatie américaine, a affirmé qu'il était prématuré de pointer du doigt tel ou tel responsable.

Trump pas informé

Le président américain s'est entretenu samedi par téléphone avec la directrice de la CIA Gina Haspel et le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, a indiqué sa porte-parole Sarah Sanders à bord d'Air Force One, qui emportait M. Trump en Californie. Interrogé avant son départ depuis la Maison Blanche, M. Trump était resté évasif sur l'enquête, insistant cependant longuement sur les liens entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite.

Le vice-président américain Mike Pence a, lui, réagi en marge du sommet de l'APEC. "Les Etats-Unis sont déterminés à demander des comptes à tous ceux qui sont responsables" du meurtre du journaliste qui s'était réfugié aux Etats-Unis, a-t-il affirmé, sans directement commenter les révélations du quotidien américain.

Selon le quotidien de Washington, Khalid ben Salmane a conseillé à M. Khashoggi de se rendre au consulat saoudien à Istanbul, lui assurant qu'il ne lui arriverait rien. Le quotidien ajoute qu'il avait passé ce coup de téléphone à la demande de son frère, ajoutant qu'il n'était pas clair si Khalid ben Salmane était au courant que M. Khashoggi serait ensuite assassiné.

"Accusation très grave"

Khalid ben Salmane a très rapidement réagi, sur Twitter, à ces accusations. "C'est une accusation grave qui ne devrait pas être laissée à des sources anonymes", a-t-il dénoncé.

"Je ne lui ai jamais parlé par téléphone et je ne lui ai certainement pas suggéré d'aller en Turquie, sans raison. J'ai demandé au gouvernement américain de publier des informations allant en ce sens", a-t-il ajouté.

Entré le 2 octobre dans le consulat saoudien d'Istanbul, le journaliste Jamal Khashoggi, critique du pouvoir saoudien, y a été assassiné. Le procureur général saoudien a admis jeudi que le journaliste avait été brutalisé, drogué et démembré sur place.

Sur un total de 21 suspects, le procureur général a inculpé à ce jour onze personnes qui seront déférées devant la justice. Il a requis la peine capitale pour cinq d'entre elles, avait annoncé son adjoint lors d'une conférence de presse.

Le trésor américain a annoncé le jeudi 15 novembre des sanctions ciblées contre 17 responsables saoudiens pour leur "responsabilité ou leur complicité" dans le meurtre de M. Khashoggi.

ats, afp, reu

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