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Les accusations d'une policière font bondir Bernard Cazeneuve

Bernard Cazeneuve parle d'«accusations indignes». © KEYSTONE
Bernard Cazeneuve parle d'«accusations indignes». © KEYSTONE
Sandra Bertin: "J'ai (...) eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé (...) de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité". © KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI
Sandra Bertin: "J'ai (...) eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé (...) de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité". © KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI


Publié le 24.07.2016


Bernard Cazeneuve veut porter plainte pour diffamation contre la responsable du centre de vidéosurveillance de la police municipale de Nice. Celle-ci dit avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur lors de la rédaction d'un rapport sur le drame du 14 juillet.

Dans un communiqué, le ministre français de l'Intérieur parle d'"accusations indignes". Elles s'inscrivent, selon lui, "dans la suite des polémiques virulentes que certains élus de Nice ont souhaité entretenir puis alimenter chaque jour depuis le terrible attentat du 14 juillet."

Ces polémiques portent sur les moyens mis en oeuvre par l'Etat pour assurer la sécurité du public lors du feu d'artifice du 14-juillet. Le Front national et certains à droite jugent que l'attaque au camion qui a fait 84 morts sur la Promenade des Anglais aurait pu être évitée.

Dans un entretien au Journal du Dimanche, Sandra Bertin, cheffe du Centre de supervision urbain (CSU) de la ville de Nice, affirme avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur lors de la rédaction d'un rapport sur la tragédie du 14 juillet. On lui aurait demandé de mentionner la présence de policiers nationaux sur les lieux de l'attaque.

Sandra Bertin était en poste le soir de l'attaque. Elle confie: "J'ai (...) eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité", déclare-t-elle au journal.

Deux versions du rapport

"Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par courriel une version modifiable du rapport", ajoute la cheffe du CSU.

"J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran", précise encore Sandra Bertin, également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice. La policière dit avoir finalement envoyé deux versions du rapport, l'une modifiable et l'autre non.

Audition de la policière réclamée

Dans un communiqué, Bernard Cazeneuve conteste formellement ces accusations. Il fait état d'une déclaration du procureur de Paris, François Molins, qui assure que c'est sous sa seule autorité que deux policiers ont été dépêchés au CSU de Nice dans le cadre de l'enquête sur l'attentat.

Pour le ministre de l'Intérieur, "il serait très utile que Mme Sandra Bertin soit auditionnée par les enquêteurs et puisse leur produire les identités et les fonctions des personnes qu'elle met en cause, les mails qu'elle évoque et leur contenu".

Enquête interne

Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a souligné de son côté dans un autre communiqué que l'enquête relevait "exclusivement" de l'autorité judiciaire". Il ajoute: "c'est sous la seule autorité du parquet de Paris que les services d'enquête (...) ont exercé dans les premiers jours suivant l'attentat leur compétence de police judiciaire."

François Hollande a promis vendredi une transparence totale dans l'analyse du dispositif de sécurité déployé ce soir-là. Bernard Cazeneuve avait annoncé la veille l'ouverture d'une enquête interne, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont les conclusions doivent être dévoilées dans quelques jours.

ats, reu

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