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Les avis des experts divergent sur Solar Impulse

La prouesse réalisée pour faire voler Solar Impulse ne peut être adaptée aux gros avions, estime Simon Aegerter (archives). © KEYSTONE/EPA SOLAR IMPULSE/SOLAR IMPULSE / JEAN REVILLARD / REZO
La prouesse réalisée pour faire voler Solar Impulse ne peut être adaptée aux gros avions, estime Simon Aegerter (archives). © KEYSTONE/EPA SOLAR IMPULSE/SOLAR IMPULSE / JEAN REVILLARD / REZO


Publié le 25.07.2016


Les avis divergent sur l'intérêt de Solar Impulse, à quelques heures de l'atterrissage de l'avion solaire. Dans la nuit de lundi à mardi, Bertrand Piccard posera l'engin expérimental à Abou Dhabi, bouclant ainsi un tour du monde effectué sans une goutte de carburant.

Avec Solar Impulse, Bertrand Piccard veut promouvoir les technologies renouvelables. Il a cependant atteint l'inverse, affirme Simon Aegerter, ancien directeur du Technorama à Winterthour (ZH). L'association Swissolar parle elle d'un signal pour la politique.

Solar Impulse 2 (SI2) montre à quel point l'utilisation de l'énergie solaire est peu fiable, a dit Simon Aegerter, physicien diplômé, pilote privé et entrepreneur de Wollerau (SZ) dans un entretien accordé à l'ats. Agé de 78 ans, il a suivi le projet depuis le début. Lors de la première présentation Power Point, il a été enthousiasmé, se souvient-il.

Limites du photovoltaïque

Mais, au fil des années, le scientifique a de plus en plus douté de l'utilité de ce projet pesant 170 millions de francs. Faire voler un avion autour du globe sans une seule goutte de kérosène et grâce à l'énergie solaire est bien une prouesse technique, reconnaît-il.

Néanmoins, ce projet ne représente pas la voie du futur, ni en matière de vol ni en matière d'approvisionnement en énergie. Il démontre au contraire les limites du photovoltaïque.

Plus un avion est gros, plus il est lourd et plus il a besoin de puissance pour se propulser, explique l'expert. Comme il est impossible d'augmenter la lumière du soleil, il faut une surface plus grande en panneaux solaires pour obtenir davantage de puissance. Mais ces installations rendent à nouveau l'aéronef plus lourd.

C'est un cercle vicieux. SI2 est la preuve que le photovoltaïque ne permet pas de fournir suffisamment d'énergie, ni pour l'aviation, ni pour la technologie de pointe.

Pour cela, il faut des sources d'énergie disponibles en grande quantité, à la fois fiables et peu coûteuses. L'énergie solaire dépend de l'heure de la journée, de la saison et de la météo.

"Ambassadeur du solaire"

Pour David Stickelberger, secrétaire général de l'association Swissolar, Betrand Piccard est cependant un "magnifique ambassadeur du solaire". Son tour du monde est un signal pour la politique énergétique en Suisse et au niveau mondial. Il faut s'attaquer à l'avenir, déclare-t-il à l'ats.

"C'est nécessaire pour diminuer les émissions de CO2 selon l'accord sur le climat. Grâce à sa folle entreprise, Bertrand Piccard a réussi à gagner des voix et des coeurs pour l'énergie solaire", assure M. Stickelberger.

Les actions emblématiques comme le vol de Piccard sont importantes pour montrer qu'il "ne faut pas étudier trop longtemps, mais agir". Ces actions peuvent aussi briser la résistance de ceux qui seront du côté des perdants lors du passage à l'énergie solaire.

Performance humaine

Aux yeux de Simon Aegerter, le projet donne "de possibles impulsions pour les constructions légères". Le deuxième grand mérite revient aux deux pilotes, qui sont restés seuls dans les airs jusqu'à 100 heures d'affilée.

En réalisant ce périple au-dessus des continents et des océans, Bertrand Piccard souhaitait avant tout servir d'inspiration à l'opinion publique, aux étudiants, entrepreneurs et décideurs politiques. Toutefois, il n'a pas pu apporter la preuve à son message "Le futur est propre", selon M. Aegerter.

Bertrand Piccard n'a pas déclenché un réel engouement pour l'énergie solaire. "Mais il a eu une influence sur la demande de photovoltaïque", selon M. Stickelberger. Il espère que le tour du monde donnera l'impulsion à un tournant énergétique.

500 heures de vol

L'aventure a été marquée par 500 heures de vols, plusieurs reports et une pause forcée de plusieurs mois à Hawaï parce que les batteries surchauffaient. Le fragile avion, de l'envergure d'un Airbus A380 mais ne pesant que 1,5 tonne, était en route pendant 16 mois.

Bertrand Piccard et André Borschberg se sont relayés dans le cockpit monospace au cours des 17 étapes. L'équipe de Solar Impulse commente sur Twitter le dernier trajet.

ats

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