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Les civils payent le prix fort des combats à Raqa en Syrie, plus de 40 morts

L'ONU estime qu'il y a jusqu'à 25'000 civils pris au piège des violences qui ont occasionné d'importants dégâts dans Raqa. © KEYSTONE/AP/=053011000379=
L'ONU estime qu'il y a jusqu'à 25'000 civils pris au piège des violences qui ont occasionné d'importants dégâts dans Raqa. © KEYSTONE/AP/=053011000379=


Publié le 22.08.2017


Plus de 40 civils dont de nombreux enfants ont péri dans d'intenses frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis sur la ville syrienne de Raqa, a indiqué une ONG mardi. Les combats y font rage dans les zones les plus peuplées.

La coalition formée de dizaines de pays fournit un appui aérien crucial aux Forces démocratiques syriennes (FDS). Cette alliance arabo-kurde est engagée dans une offensive pour chasser le groupe djihadiste Etat islamique (EI) de Raqa, son principal bastion en Syrie situé dans le nord du pays en guerre.

Après s'être emparées de 60% de la cité, les FDS encerclent désormais l'EI dans une zone de 10 km2 dans le centre et le nord de la ville, où la majorité de la population est prise au piège de violents bombardements aériens et de l'artillerie.

170 civils tués en 8 jours

Lundi, 42 civils dont 19 enfants et douze femmes ont péri dans des raids contre plusieurs quartiers tenus par l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dimanche, 27 autres y ont péri. En huit jours, il y a eu près de 170 civils tués dans de telles frappes.

"Les bilans sont élevés car les bombardements ciblent des quartiers du centre-ville très densément peuplés", a expliqué Rami Abdel Rahmane, le chef de l'OSDH.

La coalition dit faire attention

La coalition internationale n'a pas réagi aux derniers bilans de l'OSDH, mais elle a assuré auparavant prendre des mesures pour éviter les victimes civiles.

Début août, elle reconnu être responsable de la mort de 624 civils dans des frappes depuis 2014. Certaines organisations estiment ce chiffre largement sous-estimé.

"Le pire endroit aujourd'hui en Syrie est la partie de Raqa qui est toujours aux mains du prétendu État islamique", a dit la semaine dernière Jan Egeland, le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie.

25'000 civils pris au piège

L'ONU estime qu'il y a jusqu'à 25'000 civils pris au piège des violences qui ont occasionné d'importants dégâts dans Raqa.

Le 9 août, elle s'est dit préoccupée par le sort de milliers de personnes, notamment des femmes et des enfants, coincées sous le feu des combats à Raqa et sans possibilités d'accès à une aide humanitaire.

Interrogé sur le nombre croissant de victimes civiles ces derniers jours, le porte-parole des FDS Talal Sello a également affirmé que ses forces tentaient d'éviter de causer des victimes civiles, ce qui expliquerait la lenteur de leur progression.

"Routes sécurisées"

"Nous avons ouvert des routes sécurisées afin qu'ils rejoignent les zones contrôlées par nos forces qui sauvent quasi quotidiennement des civils en les transférant dans des lieux sûrs", selon lui. Le porte-parole des FDS accuse en revanche l'EI "d'utiliser les civils comme boucliers humains, de tirer sur eux et de les empêcher de fuir".

Les FDS ont lancé il y a huit mois l'offensive en vue de s'emparer de Raqa. Elles font face à une résistance farouche depuis leur entrée en juin dans la ville.

Les militants regroupés au sein de "Raqa is Being Slaughtered Silently" ("Raqa est massacrée en silence"), ont eux aussi fait état d'attaques aériennes intenses ces derniers jours.

Selon cette organisation, parmi les morts figurent des familles déplacées de différentes régions de Syrie. Elle a publié des photos horribles de bambins couverts de poussière qui seraient morts dans les bombardements.

Pourparlers reportés

Le Kazakhstan a annoncé mardi dans ce contexte que la prochaine session de pourparlers de paix sur la Syrie à Astana pourrait se tenir à la mi-septembre, alors que la Russie prévoyait d'organiser ces discussions fin août.

Lors de la dernière session de pourparlers, Russie, Iran et Turquie avaient tenté de parvenir à un accord sur la mise en place de zones de "désescalade".

L'envoyé de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, espère pour sa part lancer en octobre des pourparlers de paix "réels et substantiels" entre le régime et l'opposition à Genève.

ats, afp

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