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Les enfants d'Alep en danger permanent face aux "bombes antibunker"

Le Cluster éducation estime à 94'260 le nombre d'enfants âgés de 5 à 17 ans dans la partie Est de la ville d'Alep. Et selon Save the Children, plus de 300 enfants y ont été tués ou blessés au cours des cinq derniers jours (image symbolique). © KEYSTONE/AP www.kp.ru/ALEXANDER KOTS
Le Cluster éducation estime à 94'260 le nombre d'enfants âgés de 5 à 17 ans dans la partie Est de la ville d'Alep. Et selon Save the Children, plus de 300 enfants y ont été tués ou blessés au cours des cinq derniers jours (image symbolique). © KEYSTONE/AP www.kp.ru/ALEXANDER KOTS


Publié le 30.09.2016


Dans la ville syrienne d'Alep, les enfants sont désormais nulle part en sécurité, ni même dans les écoles souterraines censées les protéger des bombardements. La faute aux "bombes antibunker" utilisées contre les quartiers assiégés de la ville.

"Les écoles dans la partie Est d'Alep, qui devaient rouvrir leurs portes demain (samedi) (...) vont rester fermées en raison d'un assaut féroce, privant d'instruction près de 100'000 écoliers", déplore vendredi Save the Children dans un communiqué. "Nous voulons que l'utilisation de ces bombes fasse l'objet d'une enquête pour crime de guerre potentiel", affirme l'ONG.

Les forces du régime syrien ont lancé il y a une semaine une vaste offensive avec le soutien actif de son allié russe pour reconquérir l'ensemble de la ville divisée d'Alep (nord), principal enjeu du conflit. Les quelque 250'000 habitants des quartiers rebelles sont assiégés alors que leurs quartiers sont pilonnés sans relâche par les avions du régime syrien et de son allié russe.

Raids "barbares"

Les plus de 100'000 enfants pris au piège dans cette zone "sont parmi les plus vulnérables, les premiers à souffrir et ceux qui souffrent le plus", a dénoncé jeudi le chef des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien. Selon lui, il s'agit de "la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie" en cinq ans de guerre.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a évoqué l'usage notamment de bombes "antibunker qui servent à détruire des ouvrages souterrains. Les Occidentaux ont lancé des accusations de "crimes de guerre" à l'encontre de la Russie en raison de l'utilisation présumée de telles munitions normalement destinées à viser des cibles militaires.

Jeudi, le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont fermement condamné les raids "barbares" menés par les armées russe et syrienne sur l'est d'Alep. "Une zone où habitent des centaines de milliers de civils, dont la moitié sont des enfants", a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué, après une discussion téléphonique entre les deux dirigeants.

"Tout est pris pour cible"

Save the Children soutient 13 écoles dans la ville, dont huit établies dans des souterrains, précise l'ONG dans son communiqué vendredi. "En raison de l'utilisation au cours de la semaine écoulée des 'bombes antibunker', pouvant pénétrer de quatre à cinq mètres sous terre avant d'exploser, même les écoles souterraines sont dangereuses", souligne-t-elle.

"Les parents ont peur d'envoyer leurs enfants à l'école car tout est pris pour cible", explique Omar, directeur d'une école de la partie Est (rebelle) d'Alep, cité par Save the Children. "Le bruit des bombes antibunker provoque en lui-même un état de terreur et de panique".

Plus de 300 enfants tués en cinq jours

Le Cluster éducation estime à 94'260 le nombre d'enfants âgés de 5 à 17 ans dans la partie Est de la ville d'Alep. Et selon Save the Children, plus de 300 enfants y ont été tués ou blessés au cours des cinq derniers jours.

"On ne peut pas aller à l'école (...) Un de mes copains est mort dans un bombardement, c'était mon meilleur ami", raconte Amjad, 12 ans. Au cours des trois derniers mois, sept membres du personnel scolaire et 5 écoliers ont été tués dans les écoles que soutient Save the Children dans l'Est d'Alep, souligne l'ONG.

"Nous allons désormais voir plus d'enfants que l'on retire des décombres dans les hôpitaux que des enfants en classe", déplore Nick Finney, directeur pour la Syrie Nord-Ouest de Save the Children.

ats, afp

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