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Les partenaires de Bongo accueillent froidement sa réélection

La validation de la réélection du président Ali Bongo Ondimba n'a pas suscité d'enthousiasme international (archives). © KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI
La validation de la réélection du président Ali Bongo Ondimba n'a pas suscité d'enthousiasme international (archives). © KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI


Publié le 25.09.2016


La situation au Gabon était toujours calme mais tendue dimanche. Les principaux "amis" du pays ont eux accueilli froidement la validation de la réélection du président Ali Bongo Ondimba.

Les forces de sécurité maintenaient quelques chicanes pour des contrôles routiers par des hommes en armes sur le front de mer de la capitale Libreville. A la nuit tombée, les rues se sont vidées entièrement, comme samedi soir, dans les quartiers de Louis et Montagne-Sainte, pourtant des hauts lieux de la vie nocturne, surtout les fins de semaine.

Des violences meurtrières avaient éclaté le 31 août après la proclamation des premiers résultats en faveur d'Ali Bongo.

Trois semaines plus tard, aucun grand pays n'a encore félicité publiquement le chef de l'Etat pour sa réélection validée vendredi soir par la Cour constitutionnelle.

Appel de Ping

La Cour a rejeté la requête de son rival Jean Ping sans appel possible. Un "déni de justice", estime l'opposant, qui se proclame le "président élu" depuis le scrutin à un tour du 27 août. M. Ping, ex-diplomate, ministre des Affaires étrangères et patron de l'Union africaine, a lancé samedi un appel à la communauté internationale, sans dire précisément ce qu'il en attend.

Entre toutes, une réaction a agacé l'exécutif d'Ali Bongo: "La France constate que l'examen des recours n'a pas permis de lever tous les doutes", a publiquement regretté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.

Moins francophile

Les relations entre Paris et Libreville ne sont plus ce qu'elles étaient, notent à l'unisson les fins connaisseurs du "village" franco-gabonais (10'000 Français habitent au Gabon). François Hollande est le premier président français à ne pas avoir fait le voyage de Libreville pendant son mandat depuis Charles de Gaulle.

Bien que diplômé de l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, Ali Bongo se montre bien moins francophile que son père et prédécesseur Omar, appréciant de mettre les Français en concurrence avec les géants asiatiques de la mondialisation.

Paris de son côté a vidé en partie le camp militaire De Gaulle de Libreville, préférant concentrer ses forces dans le Sahel, théâtre d'opérations anti-djihadistes.

Pas de félicitations

Contrairement aux commentaires de la télévision d'Etat Télé Gabon, l'Union africaine (UA) n'a pas davantage félicité Ali Bongo, 57 ans, qui devrait être investi dans les dix jours pour un nouveau septennat. Le président en exercice de l'UA, le président tchadien Idriss Deby Itno, a "pris acte de la décision de la Cour constitutionnelle", tout comme le Maroc, grand ami du Gabon.

Quant au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et aux Etats-Unis, ils ne font que "prendre note", une nuance sémantique qui donne des espoirs à certains opposants.

Ces absences de félicitations vont de pair avec des injonctions au nom de la paix civile dans ce petit pays d'1,8 million d'habitants riche en pétrole, ressources forestières et minières.

Respecter les droits de l'Homme

Les Nations unies ont demandé "la libération des personnes détenues de façon arbitraire".

"Personne n'est détenu de façon arbitraire", a rétorqué le porte-parole du gouvernement, estimant que les responsables arrêtés ces derniers jours comme Léon-Paul Ngoulakia se trouvent dans les délais légaux de garde à vue.

Paris demande aux autorités de ne pas s'éloigner "des normes internationales en matière de droits de l'Homme et d'Etat de droit".

ats, afp

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