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Les Suisses ambivalents face à la voiture, selon une étude

Selon une étude interdisciplinaire, les Suisses seraient prêts à envisager d'autres solutions que la voiture pour se déplacer. Elle cite à titre d'exemple les trottoirs roulants construits par l'EPFL. ©EPFL
Selon une étude interdisciplinaire, les Suisses seraient prêts à envisager d'autres solutions que la voiture pour se déplacer. Elle cite à titre d'exemple les trottoirs roulants construits par l'EPFL. ©EPFL


Publié le 26.09.2017


Les Suisses ont une relation contradictoire à la voiture, mais seraient prêts à s'en passer à certaines conditions. Les résultats de l'étude interdisciplinaire PostCarWorld qui rend compte de cette ambivalence seront présentés mardi prochain à l'EPFL à Lausanne.

La place de la voiture a fortement évolué ces dernières années dans le coeur des Suisses. Les contradictions des Helvètes à son égard annonceraient même un changement de société, a expliqué mardi à l'ats le professeur Jacques Lévy, directeur de l'étude.

Ainsi les Suisses seraient bientôt prêts à vivre au-delà de la voiture et à abandonner ce mode de déplacement. Cette mutation serait même réaliste économiquement, selon le communiqué de l'Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Ce travail de prospective de type qualitatif a été effectué pour mieux comprendre le présent. Environ un millier de personnes ont été interrogées lors de trois enquêtes, a précisé le professeur. Elles ont dû s'imaginer comment se déplacer dans un monde sans voiture non par contrainte environnementale ou manque de carburant mais librement.

Objet à posséder

Les habitants ne sont pas choqués par la question, mais réticents à changer de pratique. La majorité des Suisses interrogés accepte d'envisager d'autres solutions que l'achat d'une voiture, même si les pratiques évoluent lentement et que le plaisir de conduire n'a pas disparu, souligne l'étude.

Les valeurs de liberté liées à la possession d'une voiture perdent du terrain, entre leasing, autopartage, voitures en libre service, transports publics et télétravail. "Nous passons d'un monde centré sur un objet qu'on doit posséder à un monde de services qui implique un autre univers de mobilité", explique le professeur.

Autre changement observé: le retour des espaces partagés publics en ville. La voiture doit s'adapter à ce monde multimodal où le piéton reprend ses droits et où l'automobile ne privatise plus l'espace public. Par ailleurs, la voiture est responsable d'un étalement urbain qui nuit à partir d'un certain stade à la croissance de la ville.

Techniquement possible

Quant à la viabilité économique d'une Suisse sans voiture, la réponse est étonnamment positive. A condition de faire basculer une partie du budget consacré à la route vers le développement des transports publics et de nouvelles infrastructures, note le professeur.

Il n'y a pas de problème technique au développement d'une société sans voiture. Il faudra une offre supérieure en transports publics là où elle est faible et une adaptation des infrastructures, souligne le professeur.

A titre d'exemple, l'EPFL cite des trottoirs roulants développés par l'un de ses laboratoires, ou la voiture autonome. Pour les auteurs de l'étude, un monde sans automobile est ainsi beaucoup plus vraisemblable qu'il y a 20 ans. L'étude révèle une prise de conscience et une ouverture sur la question. La réponse appartient à la société.

Résultats détaillés

La présentation des résultats détaillés de PostCarWorld le 3 octobre sera suivie de la leçon d'honneur du professeur Jacques Lévy, géographe à la tête du laboratoire Chôros depuis 2004. L'exposition "Penser avec la carte" illustrera ces travaux.

Le projet PostCarWorld a été financé par le programme Sinergia du Fonds national suisse. Des géographes, architectes, urbanistes , économistes, ingénieurs en transports y ont participé, de même que des équipes de l'EPFZ de Zurich et de l'Université de Suisse italienne.

ats

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