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Manifestation contre le pouvoir au dernier jour de l'ultimatum

Des femmes avaient déjà défilé samedi à Minsk pour réclamer la démission de Loukachenko. © KEYSTONE/AP
Des femmes avaient déjà défilé samedi à Minsk pour réclamer la démission de Loukachenko. © KEYSTONE/AP
Des femmes avaient déjà défilé samedi à Minsk pour réclamer la démission de Loukachenko. © KEYSTONE/AP
Des femmes avaient déjà défilé samedi à Minsk pour réclamer la démission de Loukachenko. © KEYSTONE/AP


Publié le 25.10.2020


Plus de cent mille personnes ont défilé dimanche dans la capitale de Biélorussie contre le président Alexandre Loukachenko. Ce dernier n'a rien cédé face à l'ultimatum de l'opposition pour qu'il se retire, sans quoi elle lancera un appel à la grève générale lundi.

L'opposition bélarusse exige le départ de M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, depuis l'élection présidentielle jugée frauduleuse du 9 août. Le mouvement de contestation subit depuis une pression constante des autorités, qui a abouti à la détention ou à l'exil à l'étranger de toutes ses principales figures.

Des grenades assourdissantes ont été utilisées par les forces de l'ordre dimanche pour disperser les manifestants et des arrestations massives étaient en cours. Les chaînes Telegram d'opposition ont montré des scènes de panique. Près de cent personnes avaient été arrêtées en début de soirée, selon l'ONG de défense des droits humains Vesna.

La figure de proue de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa, 38 ans, a lancé ce mois-ci un ultimatum à Alexandre Loukachenko, lui donnant jusqu'à ce dimanche pour se retirer. S'il refuse, elle appellera à une manifestation monstre et une grève générale dès lundi.

"Grève!"

Dans les rues, les manifestants défilaient dimanche en scandant "Grève!". Dans son ultimatum fixé au 25 octobre, Svetlana Tikhanovskaïa, qui a dû fuir le pays après les élections d'août, a aussi réclamé la fin des pressions policières et la libération de tous les "prisonniers politiques".

L'opposition a affirmé que le scrutin avait été faussé par la fraude et Mme Tikhanovskaïa a revendiqué la victoire. Depuis la Lituanie où elle s'est réfugiée, et forte du soutien de plusieurs dirigeants occidentaux, elle appelle à de nouvelles élections.

Lors d'une visite à Copenhague vendredi, où elle a rencontré le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod, elle a appelé à un nouveau scrutin "le plus tôt possible". Dans un communiqué, elle a ensuite indiqué qu'une date devait être fixée d'ici la fin de l'année.

"Je sais que beaucoup de gens ont peur de perdre leurs emplois", a-t-elle déclaré au sujet de l'appel à la grève. "Nous n'organisons pas les grèves, ce sont les gens qui décident eux-mêmes s'ils sont prêts ou pas". Lors de précédentes grèves, notamment dans les entreprises publiques, les grévistes ont subi d'importantes pressions.

"Le dernier jour"

La chaîne Telegram NEXTA Live, qui coordonne en partie la protestation, a lancé un appel à ses deux millions d'abonnés à se rassembler dimanche pour "le dernier jour de l'ultimatum du peuple".

Après avoir mené une brutale répression dans les jours après les élections, les autorités ont prévenu ce mois-ci qu'elles tireraient à balles réelles pour disperser les manifestants "si nécessaire".

Mais des dizaines de milliers de manifestants ont continué de se réunir malgré tout dans l'ensemble du pays, et la traditionnelle marche de femmes contre le pouvoir en a rassemblé plusieurs centaines dans Minsk samedi.

Opposition écartée

Toutes les figures de l'opposition bélarusse sont aujourd'hui détenues ou en exil à l'étranger. Depuis le début de la contestation, la répression a fait au moins trois morts et des dizaines de blessés. Le Parlement européen a décerné cette semaine le prix Sakharov des droits de l'Homme à "l'opposition démocratique" en Biélorussie.

Le président Alexandre Loukachenko n'a lui montré aucune intention de se plier aux revendications de ses détracteurs, au contraire. S'il jouit du soutien de Moscou, il est sous le coup d'une menace de sanctions de l'Union européenne, qui a rejeté les résultats de l'élection du 9 août et a déjà sanctionné 40 responsables du régime.

Samedi, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a appelé M. Loukachenko à remettre en liberté un conseiller politique américain, arrêté avant les élections et inculpé par les autorités d'organisation d'actions violant l'ordre public.

ats, afp

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