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Maudet estime le blocage de données par la France intenable

Pierre Maudet ne doute pas qu'une solution soit rapidement trouvée (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Pierre Maudet ne doute pas qu'une solution soit rapidement trouvée (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 30.07.2016


Pierre Maudet monte au front contre le blocage par la France des données de police concernant environ 200 personnes en attente d'engagement à l'aéroport de Genève. Il estime que cette situation "n'est pas tenable".

Le conseiller d'Etat genevois affirme clairement dans un entretien publié samedi par la Tribune de Genève que ce personnel ne pourra être engagé en l'absence de ces données. Il privilégie la sécurité dans le contexte actuel.

"On ne peut pas penser un seul instant que le Ministère de l'intérieur français laisse un pays voisin dans l'expectative concernant des contrôles de sécurité", dit le chef du Département de la sécurité et de l'économie (DSE). D'autant plus que les autorités françaises "ont des intérêts directs sur le territoire aéroportuaire".

Depuis deux mois, la France ne transmet plus de données sur les Français et les étrangers qui ont résidé en France ces cinq dernières années. Le spécialiste de la sécurité Alexandre Vautravers souligne dans le quotidien Le Temps qu'un rétrécissement est même observé depuis janvier.

Pas de lien avec l'affaire des 35 badges

Selon M. Maudet, Genève est principalement touché. Mais tous les cantons frontaliers sont concernés parce que la question se pose également avec les agents de sécurité.

Le conseiller d'Etat ne s'explique pas cette situation d'autant plus que l'échange de données fonctionne depuis l'accord conclu en 2007. Pour autant, il ne se dit pas inquiet de ce "ralentissement inhabituel". Il comprend les "intenses pressions" sur la France en matière de protection des données dans le contexte des attentats perpétrés sur son territoire. "Mais nous ne doutons pas qu'une solution soir rapidement trouvée".

Il rejette par ailleurs tout lien entre cette affaire et celle du retrait de badges de 35 employés de l'aéroport il y a quelques mois. Les recours en justice n'ont pas échaudé la France, selon lui.

Liens avec la Suisse

Les personnes nouvellement embauchées "n'auraient pas pu contester leur non-engagement", affirme le conseiller d'Etat. Il ne trouve pas choquant qu'une liste d'environ 900 détenteurs de badges de Genève Aéroport ait été envoyée pour contrôle aux autorités françaises. Il fait lui-même partie de ces personnes qui ont été décortiquées.

"Genève n'est pas davantage touchée que d'autres lieux en Suisse romande" par la radicalisation, estime M. Vautravers. "A chaque attentat ou presque", les responsables ou leur entourage ont des liens avec la Suisse en matière d'échanges de matériel ou sur Internet. Des activistes ont également été arrêtés en Suisse.

Le spécialiste de la sécurité explique les réserves françaises par l'accès de la partie civile au dossier dans les cas renvoyés devant la justice. Cette situation expose les moyens français en matière de sécurité. Par ailleurs, M. Vautravers estime dangereuse la dépendance à des données étrangères.

ats

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