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Nigeria: confinement total à Abuja et Lagos contre le coronavirus

Le Nigeria enregistrait dimanche 97 cas déclarés, mais leur nombre pourrait rapidement exploser grâce à l'importation de nouveaux kits de tests cette semaine. © KEYSTONE/AP/Sunday Alamba
Le Nigeria enregistrait dimanche 97 cas déclarés, mais leur nombre pourrait rapidement exploser grâce à l'importation de nouveaux kits de tests cette semaine. © KEYSTONE/AP/Sunday Alamba


Publié le 29.03.2020


Le président nigérian Muhammadu Buhari a ordonné dimanche un confinement total des populations de la capitale fédérale Abuja et de Lagos, mégalopole tentaculaire de 20 millions d'habitants. Cette mesure, d'une durée "initiale" de 14 jours, prendra effet lundi à 23h00.

"J'ordonne la cessation de tout mouvement à Lagos et Abuja", a déclaré le chef de l'Etat dans une allocution télévisée. "Tous les habitants de ces Etats doivent rester à la maison. Les voyages dans d'autres Etats doivent être annulés. Tous les magasins dans ces deux villes doivent être fermés", a-t-il ajouté. Les villes d'Abuja et Lagos représentent chacune l'un des 37 Etats du pays.

"Les commerces alimentaires, les stations d'essence, les compagnies de distribution d'électricité, et les compagnies de sécurité seront exemptés", mais leur "accès sera très restreint et surveillé", a-t-il souligné.

"Nous savons que ces mesures vont causer beaucoup de difficultés (...) mais c'est une question de vie ou de mort", a expliqué l'ancien général de 77 ans.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec près de 200 millions d'habitants enregistrait dimanche soir 97 cas déclarés, mais leur nombre pourrait rapidement exploser grâce à l'importation de nouveaux kits de tests cette semaine, a prévenu le ministre de l'Information Lai Mohammed jeudi. Vingt mille tests doivent être réceptionnés.

Contestation

Les mesures de confinement suscitent de nombreuses incompréhensions et contestations en Afrique subsaharienne, où une grande partie de la population vit avec moins de deux dollars par jour et dépend de l'économie informelle pour survivre.

Dimanche matin, le président du Bénin, Patrice Talon, avait déclaré que son pays "n'a pas les moyens des pays riches (...) pour accompagner les réductions de mobilité ou les confinements".

"L'impossibilité d'imposer des quarantaines totales dans les bidonvilles ou dans les quartiers défavorisés signifie que cela ne sera pas une option en Afrique", note le cabinet de conseil économique international, NKC African Economics.

"Une mauvaise gestion de la situation pourrait entraîner un coût en vies humaines bien plus important que les pertes économiques", précise cette étude publiée cette semaine. L'Afrique subsaharienne enregistre une hausse inquiétante du nombre de cas sur un continent dépourvu de système de santé solide.

Au Zimbabwe, usé par deux décennies de crise économique et financière, le confinement de trois semaines qui débute lundi s'annonce particulièrement pénible pour ses 16 millions d'habitants. "Peu de gens peuvent se payer un repas quotidien en temps normal", a souligné un résident de la capitale, Prince Gwanza, "j'ai peur que des gens meurent de faim lorsqu'ils seront isolés chez eux".

ats, afp

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