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Opep: premier accord de baisse de la production depuis 2008

Les ministres des pays membres de l'Opep se sont mis d'accord mercredi à Alger. © KEYSTONE/AP
Les ministres des pays membres de l'Opep se sont mis d'accord mercredi à Alger. © KEYSTONE/AP


Publié le 28.09.2016


L'Opep a décidé mercredi de baisser sa production de pétrole pour la première fois depuis 2008. L'Arabie saoudite et l'Iran mettent de côté leurs différends au vu de la pression qu'exerce le bas niveau des cours du brut sur les finances de nombre de membres du cartel.

Deux sources de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui s'est réunie de manière informelle à Alger, ont précisé que l'Opep allait ramener sa production totale à 32,5 millions de barils par jour contre un niveau actuel de 33,24 millions.

L'Opep déterminera les niveaux de production pour chacun de ses membres à l'occasion de sa prochaine réunion ministérielle le 30 novembre à Vienne, ont encore dit les sources. A cette occasion, l'Opep pourrait inviter les pays non-membres du cartel, Russie en tête, à participer aux efforts de rééquilibrage du marché pétrolier.

"L'Opep a pris une décision exceptionnelle aujourd'hui (...) après deux ans et demi, l'Opep a atteint un consensus pour piloter le marché", a déclaré le ministre du Pétrole iranien Bijan Zanganeh, cité par l'agence de presse du pays SHANA.

Les cours s'envolent

À la suite de l'annonce de l'accord sur la baisse de la production, les cours du brut se sont envolés de quelque 5%, avec un Brent qui est repassé au-dessus des 48 dollars. A ce niveau, il est encore plus de deux fois inférieur à son dernier pic, remontant à la mi-2014, de plus de 100 dollars le baril.

Portée par une hausse de plus de 4% de son compartiment énergétique, Wall Street a également réagi favorablement à l'annonce de l'accord, gagnant moins de 0,5% à trois quarts d'heure de la clôture alors qu'elle était dans le rouge avant l'accord.

Pris de court par cet accord, nombre d'experts pétroliers veulent connaître les détails de l'accord avant de se prononcer sur son efficacité.

"Nous ne savons pas encore qui va produire quoi. Je veux entendre de la bouche du ministre du Pétrole iranien que le pays renonce à retrouver ses niveaux de production d'avant les sanctions", a déclaré Jeff Quigley, directeur des marchés énergétiques chez Stratas Advisors. "S'agissant des saoudiens, cela va à l'encontre de leur discours traditionnel."

Rivalité entre les deux pays

Mardi, l'Arabie saoudite et l'Iran avaient pratiquement réduit à néant l'espoir d'un accord dès cette semaine à Alger sur une limitation de la production pétrolière de l'Opep, Téhéran ayant rejeté une proposition de Ryad consistant à plafonner la production iranienne en échange d'une réduction de l'offre saoudienne.

Les cours du pétrole avaient avaient d'ailleurs plongé mardi de près de 3% en raison du sentiment que les positions saoudiennes et iraniennes restaient trop éloignées. En avril déjà, la rivalité entre les deux pays avaient fait capoter une précédente tentative de gel de la production.

Le ministre saoudien du Pétrole, Khalid al Falih, a cependant déclaré mardi que l'Iran, le Nigeria et la Libye seraient autorisés à produire "à des niveaux maximum qui font sens" dans le cadre d'un éventuel accord.

Cette déclaration a été une inflexion de la position saoudienne alors que Ryad excluait jusqu'à présent de réduire sa production si tous les autres producteurs, Opep et non-Opep, n'en faisaient pas de même.

Levée des sanctions

L'Iran, qui a entrepris de redresser sa production depuis la levée de sanctions occidentales à son encontre en janvier, accepterait de la plafonner "à près de quatre millions de barils par jour" en cas d'accord, a dit Bijan Zanganeh mercredi. Elle stagne à 3,6 millions de bpj depuis trois mois, soit quasiment son niveau antérieur aux sanctions occidentales.

Les économies saoudienne et iranienne reposent fortement sur le pétrole mais l'Iran souffre moins de la chute de moitié des cours depuis mi-2014 du fait de la levée des sanctions à son encontre et le pays pourrait afficher une croissance économique de près de 4% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI).

L'Arabie saoudite est en revanche confrontée à une situation de déficit budgétaire, lequel a atteint l'année dernière le niveau record de 98 milliards de dollars, liée à la stagnation de son économie. Elle a été contrainte de réduire les salaires des fonctionnaires.

ats, reu

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