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Salon EPHJ: les sous-traitants veulent croire à une reprise

La 16 édition du Salon EPHJ-EPMT-SMT rassemble plus de 800 exposants (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
La 16 édition du Salon EPHJ-EPMT-SMT rassemble plus de 800 exposants (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 23.06.2017


Les sous-traitants industriels retrouvent peu à peu le sourire dans un contexte délicat, notamment marqué par le franc fort et le repli des exportations horlogères. Les entreprises rencontrées à l'occasion du Salon EPHJ-EPMT-SMT de Genève restent toutefois prudentes.

"Nous connaissons une année relativement bonne, avec une croissance des ventes de 5% à 6% depuis le début de l'année", relève François Billig, directeur général du groupe jurassien Acrotec, actif dans les composants, notamment pour l'horlogerie.

L'entreprise basée à Develier (JU), qui réalise la moitié de ses ventes dans l'horlogerie, est positionnée sur des produits importants, stratégiques. Elle reste ainsi un fournisseur privilégié, explique son patron.

Selon lui, les frémissements de la reprise se font sentir, même s'il préfère rester prudent. Jeudi, la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH) a notamment annoncé une progression de 9% des exportations horlogères helvétiques sur un an en mai.

Acquisitions

Pour "ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier", Acrotec a adopté depuis un certain temps une stratégie d'acquisitions, dans différents secteurs. "Le dénominateur commun est toutefois la micromécanique. Nous tablons encore sur une ou deux petites acquisitions, notamment dans le médical, mais aussi sur une croissance interne", souligne M. Billig.

Selon lui, le tableau reste contrasté parmi les sous-traitants, qui doivent savoir se positionner pour durer. Un avis partagé par Pierre-Olivier Chave, président de PX Group. "Ceux qui savent se renouveler, qui diversifient plus largement leur marché et offrent des prestations innovantes et de grande qualité s’en sortent généralement bien".

Une ambiance dynamique

Pour PX Group, la situation "est bonne dans l'ensemble, avec une ambiance dynamique", souligne le dirigeant. A la faveur de ventes en hausse, il anticipe un second semestre encore meilleur pour la société chaux-de-fonnière, qui se définit comme un fournisseur de matières premières sous forme de semi-produits.

L'entreprise, qui compte plus de 500 employés, a maintenu l'emploi durant la crise et a recommencé à embaucher depuis. "Nous sommes actuellement dans une phase de redéploiement, avec un renforcement des capacités", note M. Chave, qui nuance toutefois la situation en évoquant le niveau de marge "pas totalement satisfaisant", notamment lié au franc fort.

Selon ce dernier, l’industrie traditionnelle suisse haut de gamme est solide et a plus ou moins bien supporté le côté conjoncturel de la dernière dépression. "Par contre, certains horlogers, moins axés sur l’unicité et le très haut de gamme, sont plus vulnérables et ont rencontré des baisses plus importantes", note-t-il.

En outre, cette crise est particulière, estime le président de PX Group, qui vient de confier la direction des divisions métallurgie et outillage à ses deux fils. "Elle n’est pas seulement conjoncturelle, mais aussi systémique. Certains horlogers doivent se repositionner en termes de commercialisation, ce qui demandera plus de temps".

Le design imperméable à la crise

La plus grande entreprise de design industriel de Suisse, Multiple Global Design, basée à La Chaux-de-Fonds, n'a pour sa part connu aucun ralentissement de l'activité. "Nous travaillons sur un marché très internationalisé, il est impossible que tous les secteurs s'effondrent en même temps", explique son fondateur et directeur Rémy Jacquet.

Multiple est notamment connue pour avoir contribué au succès du Minitel français dans les années 1980. Actuellement, l'entreprise réalise entre autres le design de machines à boissons pour Nestlé, d'instruments pour Sylvac ou de balances pour Mettler Toledo. Elle travaille aussi bien pour de petites PME que de grandes sociétés et fonctionne beaucoup sur la base de mandats.

Le studio chaux-de-fonnier, qui compte 30 collaborateurs, propose à la fois des projets de prospective, à parfois cinq, dix ou quinze ans, ou en offrant plusieurs visions d'un produit aux clients. "Il s'agit là de l'un de nos gros avantages sur le marché", note M. Jacquet.

Ce dernier quittera dès 2018 son poste de directeur, pour laisser la place à un directoire, composé des employés actuels, à qui Multiple a exclusivement ouvert son actionnariat. Il restera toutefois employé à 20% au sein de l'entreprise.

Malgré son succès, Multiple ne compte pas agrandir son équipe à court terme. "Nous avons déjà une taille d'entreprise à la limite de la qualité de gestion", relève encore Rémy Jacquet. Ce dernier entend notamment préserver le mode de gestion horizontal de sa société.

ats

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