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Tessin: grosse baisse des nuitées attendue, malgré le plein estival

Le secteur hôtelier tessinois s'attend à une baisse importante des nuitées hôtelières en 2020, malgré l'afflux massif des touristes confédérés, notamment romands, qui ont plébiscité le canton italophone pour y passer les vacances d'été. © KEYSTONE/Ti-Press/Francesca Agosta
Le secteur hôtelier tessinois s'attend à une baisse importante des nuitées hôtelières en 2020, malgré l'afflux massif des touristes confédérés, notamment romands, qui ont plébiscité le canton italophone pour y passer les vacances d'été. © KEYSTONE/Ti-Press/Francesca Agosta


Publié le 11.08.2020


Le secteur hôtelier tessinois s'attend à une baisse importante des nuitées hôtelières en 2020, malgré l'afflux massif des touristes confédérés, notamment romands, qui ont plébiscité le canton italophone pour y passer les vacances d'été.

"Nous n'avons pas récupéré pendant la période estivale ce que nous avons perdu entre les mois de mars et mai", a confié mardi à AWP Lorenzo Pianezzi, président de la section tessinoise d'Hotelleriesuisse. Sur l'ensemble de l'exercice, il dit s'attendre pour la branche à une contraction d'au moins 25% du chiffre d'affaires.

"En termes de fréquentation, le recul devrait avoisiner les 20%", estime l'hôtelier tessinois, rappelant que ces dernières années, les nuitées sont restées stables autour de 2,3-2,4 millions. Le secteur touristique emploie quelque 22'000 personnes au sud des Alpes et représente environ 10% du produit intérieur brut (PIB) cantonal.

Plus de Romands et de jeunes

Les restrictions de voyage et les incertitudes liées à la crise sanitaire se sont traduites par d'importants changements dans la typologie de la clientèle des hôteliers tessinois.

Traditionnellement, la région du Sopraceneri (Locarno et Bellinzone) compte environ 70% de touristes confédérés et celle du Sottoceneri (Lugano et sud) 43%.

Cet été, sous l'effet de la crise, ces chiffres ont bondi à respectivement 90% et 80%. La poussée de la clientèle indigène s'explique notamment par un afflux inhabituellement important de vacanciers en provenance des cantons romands. "Nous n'avons jamais entendu autant parler français que cette année", signale M. Pianezzi, sans toutefois disposer de chiffres précis.

"Une autre donnée importante est que la clientèle tant de Suisse alémanique que romande est très jeune", poursuit le responsable, qui voit dans cette tendance un "changement générationnel". La fin progressive des vacances dans les autres cantons s'accompagne d'une décrue de l'activité hôtelière au Tessin.

Par le passé, celle-ci était en partie compensée par des touristes en provenance d'Italie, d'Allemagne, des Etats-Unis et des pays du Golfe. "Cette année, il y a tout au plus quelques Allemands et très peu d'Italiens", déplore le président de la faîtière cantonale.

Le traditionnel regain d'activité en septembre-octobre avec une clientèle suisse, mais cette fois plus âgée, pourrait manquer à l'appel. "Nous avons des signaux contrastés, avec d'un côté des clients qui veulent voyager et changer d'air, et d'autres qui ont contraire ont décidé de faire l'impasse et de rester chez eux", affirme M. Pianezzi.

"Nous n'avons pas encore de données, car les réservations se font de plus en plus à la dernière minute", poursuit-il. Et de signaler que la durée moyenne de séjour a augmenté, de 2,0 nuitées environ à "plus de 2,2, voire 2,5".

Polémique sur les prix

Récemment, la presse alémanique s'était fait l'écho d'une étude mandatée par le dominical alémanique NZZ am Sonntag, qui avait révélé que le prix des hôtels au Tessin et aux Grisons - les deux cantons les plus prisés de la clientèle helvétique - avait enflé de respectivement 5 et 4%.

Or, il avait baissé dans toutes les autres régions, y compris celles à forte vocation touristique que sont le Valais (-20%) et l'Oberland bernois (-16%). Dans l'ensemble, le secteur hôtelier helvétique a consenti à d'importantes réductions cet été, assure la faîtière nationale.

"Contrairement au Tessin et aux Grisons, les autres cantons ont une part significativement moindre d'hôtes autochtones", explique un porte-parole d'Hotelleriesuisse. "Dans ces régions, la guerre des prix est sensiblement plus importante, dans la mesure où la demande est inférieure" à celle que connaissent les deux cantons précités.

L'augmentation ne traduit pas une quelconque intention des hôteliers tessinois de profiter de la situation, se défend M. Pianezzi, qui évoque l'inflation de la demande. Cette année, même les chambres les plus chères, qui sont généralement les dernières à trouver preneur, ont été prises d'assaut, avec pour résultante un prix moyen plus élevé.

Cinq étoiles boudés

Hotelleriesuisse met également en avant des différences significatives entre les différentes catégories d'hôtels. "De légères hausses de prix peuvent être observées principalement dans le segment quatre étoiles des régions connaissant une forte demande", fait valoir l'association.

En revanche, les hôtels de catégorie supérieure, plus dépendants de la clientèle internationale ont été très durement touchés par la crise sanitaire. Les hôtels cinq étoiles ont dû procéder à des "réductions de prix drastiques", selon le porte-parole d'Hotelleriesuisse.

Dans un sondage mené par la faîtière auprès de ses membres en juin, près de deux tiers des participants avaient déclaré leur intention de maintenir les prix inchangés.

ats, awp

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