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Un navire de croisière américain met le cap sur Cuba

Le départ d'Adonia pour Cuba est une première en un demi-siècle, portée par le dégel entre Washington et La Havane. © KEYSTONE/EPA/CRISTOBAL HERRERA
Le départ d'Adonia pour Cuba est une première en un demi-siècle, portée par le dégel entre Washington et La Havane. © KEYSTONE/EPA/CRISTOBAL HERRERA


Publié le 01.05.2016


Un navire de croisière américain, avec quelque 700 passagers à bord, met le cap sur Cuba dimanche depuis Miami, dans le sud-est des Etats-Unis. Il s'agit d'une première en un demi-siècle, portée par le dégel entre Washington et La Havane.

Le bateau Adonia de Fathom, filiale du groupe américain Carnival, doit quitter à 15h30 (21h30 en Suisse) le port de Miami, en Floride, bastion de la diaspora cubaine aux Etats-Unis, pour arriver seulement lundi à La Havane, sa première étape sur l'île communiste.

La croisière durera une semaine et la compagnie Fathom a prévu d'en organiser deux par mois, avec l'objectif de promouvoir les échanges culturels entre les deux pays, suite au rapprochement entre les anciens ennemis de la Guerre froide, amorcé en décembre 2014.

"Entrer dans l'histoire et préparer un meilleur avenir pour tous est l'un des plus grands honneurs qu'une entreprise puisse avoir", a déclaré le président de Carnival, Arnold Donald, sur le port de Miami, où les passagers d'Adonia sont montés à bord, accueillis par un orchestre de musique cubaine.

Restrictions levées

La compagnie de croisière a dû cependant surmonter plusieurs écueils administratifs jusqu'à la levée, la semaine dernière, par le gouvernement de Raul Castro, des ultimes restrictions sur les voyages par voie maritime des Cubains, vers ou à partir des Etats-Unis.

Dans un premier temps, compte tenu des limites imposées par le contexte de la Guerre froide lorsque le régime cubain craignait le débarquement d'anti-Castro, Carnival avait refusé les réservations des Cubano-américains. Cela avait provoqué une polémique.

Face aux critiques des anti-castristes et de l'administration du président américain Barack Obama, Carnival, premier groupe mondial de croisières, est finalement revenu sur sa décision et a accepté les réservations de personnes nées à Cuba. Avant d'obtenir par la suite la levée de restrictions par le régime communiste.

Visa spécial

D'intenses négociations ont porté leurs fruits dans le cadre du processus de normalisation américano-cubain qui a culminé en mars avec la visite historique du président Obama à Cuba.

Les Cubains pourront désormais embarquer et débarquer sur l'île en tant que passagers ou membres d'équipage de bateaux de marchandises ou de croisière.

Selon Carnival, les Cubains qui ont émigré aux Etats-Unis avant 1971 auront besoin d'un visa spécial. Mais ceux qui ont quitté l'île après cette date pourront voyager avec un passeport cubain, comme les passagers aériens.

Economie dopée

Le navire Adonia a prévu des activités culturelles dans plusieurs ports: La Havane lundi, Cienfuegos jeudi, et Santiago de Cuba vendredi, avec des rencontres avec des artistes, des musiciens, des cours de danse et des visites guidées.

Les Américains peuvent ainsi voyager sur l'île en dépit de l'embargo économique américain imposé à l'île depuis 1962, qui leur impose toujours de répondre aux critères des 12 catégories de voyages autorisés (religieux, universitaires, sportifs ou culturels notamment).

Carnival est la première entreprise à être autorisée, à la fois par les Etats-Unis et par Cuba, à naviguer entre les deux pays, une première depuis l'interdiction de ces voyages après la révolution cubaine en 1959. Il en coûtera pour chaque passager 1800 dollars pour une cabine sur le bateau et jusqu'à 7000 pour une suite.

Outre les croisières et les liaisons par ferry, qui n'ont pas encore repris, une centaine de vols réguliers entre les deux pays doivent recommencer cette année après 53 ans de gel.

Ces voyages profiteront d'abord aux deux millions de Cubains réfugiés aux Etats-Unis tandis qu'à Cuba, la majorité des habitants espèrent que l'arrivée de ces nouveaux touristes dopera l'économie de l'île, et leurs maigres revenus.

ats, afp

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