Drancy, l’antichambre d’Auschwitz
Longtemps occultée, l’histoire de la cité de la Muette, au nord-est de Paris, est mise en lumière par un nouveau Mémorial de la Shoah. Pour ses 500 habitants, le passé reste flou et encombrant.
ALICE GÉRAUD
Temps de lecture estimé : 10 minutes
Par les larges baies vitrées qui forment des écrans géants silencieux, des visiteurs regardent la cité de la Muette. De là, ils sont un peu en hauteur, un peu de biais aussi, comme en retrait par rapport aux bâtiments de la cité, un grand U gris de quatre étages. Les concepteurs de ce Mémorial de la Shoah, extension du mémorial parisien qui a ouvert fin septembre à Drancy, l’ont voulu ainsi. Pour que le passé regarde le présent sans l’agresser. Car dans cette banlieue au nord-est de Paris, le passé est traumatique et le présent fragile. «Il fallait un bâtiment qui ne soit ni clinquant ni arrogant. Un lieu transparent», résume Jacques Fredj, le directeur du mémorial.
De cet espace muséographique aux installations ultramodernes, on voit d’abord une cité habitée, un peu triste, assez pauvre et trè