«Il y a toujours trop de suicides»
Prévention >> En avance sur la Journée internationale de la prévention du suicide se déroulant samedi prochain 10 septembre, l’association PréSuiFri propose aujourd’hui une journée de formation adressée aux professionnels. L’occasion aussi pour son président, Patrick Haemmerle, de revenir sur l’évolution de la situation dans le canton. Interview.
Igor Cardellini
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- En 2007, Fribourg affichait encore l’un des taux de suicides les plus élevés de Suisse. Où en est-on aujourd’hui?
Nous ne sommes plus dans des niveaux alarmants comme alors. La tendance est à la baisse de manière générale en Suisse. Dans le canton de Fribourg, la masse de population (309'000 âmes, ndlr) est trop petite pour que la statistique soit significative, mais nous avons remarqué une réduction, puisque le canton avec 54 décès par suicide en 2015 n’est plus dans le groupe de tête et s’est rapproché de la moyenne suisse. Le travail de prévention réalisé depuis 14 ans contribue, nous l’espérons, à cette tendance, ce qui ne veut pas dire qu’il faille relâcher l’effort. Nous attendons beaucoup du plan d’action national «prévention du suicide» en digestion à l’Office fédéral de la santé publique après consultation et qui devrait être présenté cet automne.
- Comment a évolué l’aide aux personnes en détresse depuis votre reconnaissance par l’Etat de Fribourg qui vous subventionne depuis 2007?
Nous nous sommes dès le départ focalisés sur les praticiens en contact direct avec les groupes cibles pour leur proposer des formations à la détection des risques. Ce faisant, nous avons été amenés à être en contact avec tous les secteurs où des professionnels – de la santé, du social mais aussi la police et des membres des Eglises – peuvent se retrouver face à des individus en situation de crise. Cette position nous a permis de favoriser la mise en place d’une coordination entre tous les acteurs qui est aujourd’hui une réalité.
- Contrairement aux précédentes journées de prévention, centrées sur les risques ou les causes du suicide, vous vous focalisez cette année sur les «facteurs protecteurs». De quoi s’agit-il concrètement?
Nous voulions mettre l’accent sur les facteurs qui peuvent protéger d’un geste suicidaire. Nous les avons synthétisés dans le concept des «3R» (pour ressources, résilience et réseaux). Les ressources sont évidemment au centre de l’action. Les services doivent être équipés correctement pour continuer d’offrir une aide directe efficace aux personnes concernées, ce qui demande un investissement continu même lorsque les statistiques baissent. La résilience ramène aux moyens qui peuvent permettre de s’en sortir après un traumatisme. Enfin, la prévention et l’aide doivent fonctionner en réseau, permettant une bonne collaboration de tous les services concernés.