La Liberté

Roland Mesot: «J’adhère totalement à la ligne nationale de l'UDC»

Politique • L’Union démocratique du centre (UDC) est, derrière les socialistes, la deuxième force politique fribourgeoise au Conseil national. Mais le jeu des alliances fait que la formation n’y compte encore qu’un seul élu, Jean-François Rime. L’objectif est clairement affiché: installer un deuxième parlementaire à la Chambre basse, confirme le président cantonal Roland Mesot. Interview.

«Moi, un grand apparentement de droite, dans un but purement stratégique, ne me dérange pas. La gauche s’allie bien avec l’extrême gauche sans que cela pose problème!» note Roland Mesot. © Corinne Aeberhard
«Moi, un grand apparentement de droite, dans un but purement stratégique, ne me dérange pas. La gauche s’allie bien avec l’extrême gauche sans que cela pose problème!» note Roland Mesot. © Corinne Aeberhard
«Les alliances que passeront les autres partis seront déterminantes», estime Roland Mesot, président de l’UDC fribourgeoise. © Corinne Aeberhard
«Les alliances que passeront les autres partis seront déterminantes», estime Roland Mesot, président de l’UDC fribourgeoise. © Corinne Aeberhard

Propos recueillis par Patrick Pugin

Publié le 26.11.2014

Temps de lecture estimé : 6 minutes

- Vous ne cachez pas votre ambition de décrocher un deuxième siège (sur sept) au Conseil national. Au détriment de qui?

Roland Mesot: De la gauche, si possible! Et pour y parvenir, nous devrons augmenter notre pourcentage de suffrages.

- Avec la seule petite Union démocratique fédérale comme alliée possible, pensez-vous pouvoir y parvenir?

Ce ne sera peut-être pas suffisant… mais la clé, ce sont les alliances que passeront les autres: le grand apparentement de gauche se fera-t-il? Et le Parti démocrate-chrétien s’apparentera-t-il avec le Parti vert’libéral et le Parti bourgeois-démocratique comme en 2011? Ces deux données seront déterminantes. Reste que, quoi qu’il en soit, nous devrons travailler pour gagner des voix.

- En 2011, l’UDC fribourgeoise réunissait 21,4% des suffrages, en recul de 0,6 point par rapport à 2007. Quelle analyse avez-vous fait de cette perte?

C’est une appréciation personnelle, mais je pense que l’affaire Widmer-Schlumpf, qui nous a coûté beaucoup au niveau national, a pesé. Mais ce qui nous a fait beaucoup de mal, selon moi, c’est Fukushima au printemps 2011. Cela a joué un rôle sur le résultat de l’UDC, au niveau national et, par effet domino, sur les sections cantonales. Mais une perte de 0,6 point reste somme toute modeste. Nous avons bien résisté par rapport à d’autres sections cantonales qui ont eu plus de mal.

- Le dernier baromètre électoral national montre un recul de l’UDC dans les intentions de vote (24,6%, -2 points). Cela vous inquiète-t-il?

Il ne faut pas sous-estimer ce baromètre, mais il ne faut pas le surestimer non plus. Il n’a été fait que sur environ 2000 personnes et la marge d’erreur est assez importante. Et puis on sait que les sondés ont parfois du mal à avouer leur sympathie pour l’UDC. Il ne faut pas non plus oublier qu’il y a toute une campagne qui va être menée!

- Avec ce recul, l’UDC paie-t-elle pour le 9 février et son initiative contre l’immigration de masse?

Difficile à dire… Je pense pour ma part que le 9 février a été bon pour nous; cela nous a prouvé que nous étions dans la bonne ligne. Le résultat d’Ecopop, dimanche, nous fournira une indication assez claire. Nous ne soutenons pas cette initiative, mais elle risque de renforcer le vote du 9 février: si Ecopop fait plus de 40%, cela voudra dire que 40% de l’électorat est prêt à donner priorité au 9 février plutôt qu’aux bilatérales. Et ça, pour nous, c’est une donnée intéressante à analyser!

- Quelle est votre stratégie pour le Conseil des Etats?

Pour l’instant, et ce n’est pas de la langue de bois, nous n’avons pas arrêté de stratégie. On va attendre, voir ce qu’il va se passer chez les autres, réfléchir de notre côté… La seule chose qui est sûre et certaine, c’est qu’il y aura un candidat!

- On ne voit pas vraiment qui, excepté Jean-François Rime, aurait le format pour descendre dans cette arène-là. Ce qui met en exergue l’un des problèmes auquel l’UDC fribourgeoise est confrontée: le manque de personnel politique…

Chaque parti a ses soucis au niveau de la relève. C’est une réalité que nous n’allons pas nier. Nous sommes conscients de ce problème, qui va se résoudre naturellement, petit à petit. Il faut rappeler qu’au Grand Conseil, l’UDC est passée de huit députés à la fin des années 1990 à 21 actuellement. Nous devons encore profiler des personnalités, appelées à prendre leurs responsabilités.

- Dans le canton, le PDC et le PLR estiment que l’UDC fribourgeoise n’est pas l’UDC suisse. Vous ne cachez cependant pas votre adhésion à la ligne nationale. Alors en quoi la section fribourgeoise est-elle différente?

Il faut poser la question aux autres! Leur demander pourquoi, en 2013, ils ont fait alliance avec nous et pourquoi, en 2014, ils nous trouvent moins fréquentables! Moi, un grand apparentement de droite, dans un but purement stratégique, ne me dérange pas. La gauche s’allie bien avec l’extrême gauche sans que cela pose problème! Reste que, souvent, la pesée des intérêts fait que l’on apprécie différemment ses partenaires en fonction de ce que l’on a à en attendre… Celui qui est courtisé aujourd’hui par tout le monde sera peut-être abandonné demain… Pour revenir à la question, moi j’adhère totalement à la ligne nationale.

- Où en êtes-vous dans votre entente avec le PDC et le PLR, avec qui vous ferez liste commune en 2016 pour le Conseil d’Etat?

Les discussions n’ont guère avancé depuis l’élection de Jean-Pierre Siggen au Conseil d’Etat. L’entente est formalisée, signée, et elle va être appliquée. Mais j’ai toujours dit qu’il fallait d’abord passer les échéances nationales avant de parler des cantonales. Donc actuellement, c’est un peu au point mort. Nous discutons de l’organisation générale, mais rien n’est défini; beaucoup de choses doivent encore être réglées. Notamment au niveau des structures et de l’opérationnel.

- Au Grand Conseil, l’UDC a fait sien le combat contre la création du Centre islam et société (CIS) à l’Université de Fribourg. Il semble pourtant bien que ce centre se fera malgré tout. Allez-vous vraiment convoquer le peuple, via une initiative populaire, pour qu’il dise ce qu’il en pense?

J’en ai profondément envie et je vais tout faire pour que ça se fasse en début d’année prochaine. Si le comité directeur et le comité central me suivent, nous y allons! Notre but, c’est que l’université renonce à ce centre.

- Electoralement, le thème peut être porteur…

Il faut reconnaître que le calendrier nous est favorable.

- Vous êtes conscients que l’on va vous taxer d’islamophobie, de xénophobie…

Bien sûr. Mais là, on rentre déjà dans le débat sur ce centre. Pourquoi cette spécificité pour l’islam et pas pour les autres? Tout ce qu’on veut mettre dans ce CIS existe déjà! Je ne vois pas la raison de créer quelque chose de particulier pour la religion musulmane.

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