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«Chrétiens et musulmans sont frères et soeurs»

Afrique • Le pape François s'est rendu lundi dans un quartier à haut risque de Bangui pour prier chrétiens et musulmans d'enrayer le cycle des violences qui a fait plusieurs milliers de morts en trois années. Cette étape en Centrafrique était un véritable pari pour le souverain pontife, vu le contexte sécuritaire.

ATS/AFP/REU

Publié le 30.11.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes


Le pape François à Bangui

Sous l'oeil attentif des Casques bleus déployés en nombre, le souverain pontife a franchi le «no man's land» qui sépare PK5 du reste de la capitale centrafricaine. Depuis deux mois, les miliciens chrétiens «anti-balaka» font le blocus de ce quartier où sont rassemblés la plupart des musulmans qui n'ont pas fui la ville.

Des blindés équipés de mitrailleuses et des tireurs d'élites étaient postés le long du trajet du pape et sur les minarets de la mosquée, où plusieurs centaines de fidèles étaient rassemblés pour l'occasion.

«Chrétiens et musulmans sont frères et soeurs», leur a-t-il lancé après un discours de l'imam Tidiani Moussa Naibi. «Ceux qui prétendent croire en Dieu doivent aussi être des hommes et des femmes de paix», a souligné le pape. L'évêque de Rome a appelé à la «cessation de tous les actes, quels qu'en soient les auteurs, qui défigurent Dieu et dont l'objectif ultime est de défendre des intérêts particuliers par tous les moyens».

«Ensemble, nous devons dire non à la haine, à la vengeance et à la violence, en particulier cette violence perpétrée au nom de la religion et de Dieu lui-même. Dieu est paix, salam», a ajouté le successeur de Benoît XVI.

Messe dans un stade

Après cette visite à PK5, le convoi a pris la direction du stade national où, devant des dizaines de milliers de fidèles, le pape a célébré une messe.

Aux abords du stade, une foule compacte attendait le Saint-Père. Elle n'a pas pu entrer dans l'enceinte mais un écran géant retransmettait la cérémonie. Juste avant l'arrivée du pape, des musulmans sont arrivés en maillots à l'effigie du pape, sous les vivats de la foule.

Toujours devant le stade, une véritable parade de mobilettes klaxonnaient en guise de célébration. Certains portaient des pancartes avec des mots de bienvenue, d'autres un message hostile aux forces internationales: «que la France et l'ONU sont maudits, sources de tous nos malheurs».

«Jusqu'à quand l'impunité va-t-elle prévaloir et les crimes servir de gages d'ascension et de promotion sociale?» en Centrafrique, s'est interrogé l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzatalainga au cours de la messe. Cette question de l'impunité abordée devant des dizaines de milliers d'habitants reste centrale dans un pays dévasté par les violences, dépourvu d'une police et d'un système judiciaire efficaces.

Chaos

La République centrafricaine a sombré dans le chaos en mars 2013 lorsque les rebelles musulmans de la Séléka ont pris le pouvoir. Leurs exactions leur ont ensuite valu les représailles des milices chrétiennes anti-Balaka et l'armée française a dû intervenir dans le cadre de l'opération Sangaris pour mettre fin aux massacres.

L'apaisement des tensions entre chrétiens et musulmans a été l'un des principaux objectifs de la première visite du souverain pontife sur le continent africain, qui l'a d'abord conduit au Kenya puis en Ouganda.

Mais c'est en République centrafricaine que ses efforts en faveur de la paix et de la réconciliation sont le plus d'actualité, car les violences y ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés depuis 2013.

La communauté chrétienne, majoritaire en Centrafrique, comme la communauté musulmane se félicitent de la visite du pape et espèrent qu'elle permettra de relancer le dialogue et contribuera au retour de la paix.

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