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Allez, Mario Balotelli, avanti!

«Bienvenue au club!» • Le seul transfert qui a réussi à vous laisser baba, en cette fin d'été, c'est celui du chien fou italien à Liverpool. Parce qu'il faut avoir beaucoup bu, forcément, pour recruter un joueur pareil…

Pascal Bertschy

Publié le 29.08.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Là où vous avez fait une drôle de tête, pendant le mercato, ce n’est pas quand le Barça a mis le grappin sur Luis Suarez ou lorsque le Real a recruté James Rodriguez. Non, le transfert dont vous n’êtes toujours pas revenu, c’est Mario Balotelli à Liverpool. Pas vrai? 

En ayant recruté Super Mario pour 20 millions d'euros, ce qui est trois fois rien de nos jours, les Reds ont pourtant réalisé une bonne affaire. Imaginez s’ils avaient dû acheter Balotelli au prix où le joueur estime son talent: les pauvres auront été bons pour débourser l'équivalent du produit intérieur brut de la Grande-Bretagne!

Le zombie de la Coupe du monde

Maintenant, bien sûr, la question est de savoir si l’Italien sera aussi une bonne affaire sur le terrain. Or, sur ce plan-là, vous n’y croyez pas. Non, ne dites pas le contraire: selon vous, les dirigeants d’Anfield devaient être bourrés quand ils l'ont enrôlé. Le pire, c’est que vous avez raison. Il faut être fou pour engager un joueur qui sort d’une morne saison avec Milan et d’un Mondial brésilien qu’il a traversé en zombie. 

De même, il faut avoir beaucoup bu pour miser sur un attaquant capable de flamber pendant deux mois puis de s’évaporer pour le restant de la saison. Et puis il y a son égoïsme, ses filouteries, ses frustrations d’adolescent, ses frasques hors du terrain, sa propension à déclencher des guerres civiles à l’entraînement ou dans le vestiaire.

Un tel chat sauvage, ça griffe!

Bref, Balotelli, non merci. Lui, si ça se trouve, n’est même pas conscient que Liverpool vient de lui offrir sa dernière chance de repartir dans la bonne direction. Avec ce genre d’animal, mi-chien fou, mi-chat sauvage, on sait ce que c’est: il suffit de lui tendre la main pour qu’il la griffe aussitôt. 

Entre Balotelli et Liverpool, n’empêche, je pense que ça peut coller. L’enfant terrible du foot italien ne fera pas oublier Luis Suarez à Anfield, d’accord, car le joueur qui pourrait faire oublier Suarez n’est probablement pas encore né. 

Mais attendez, Balotelli n’est pas qu’un supposé mauvais garçon. C’est un «bad boy», peut-être, mais qu’il est impossible de pas aimer si on aime le football. Prière de garder à l'esprit que le bonhomme est doué comme pas permis, capable de gestes et de buts de classe mondiale.

Un King en puissance pour Anfield

Cantona avait 26 ans à son arrivée à Manchester, Mario en a aujourd'hui 24. Un peu de bonne volonté de sa part, quelques éclairs et deux ou trois buts après une poignée de matches, et le peuple d’Anfield l’aura déjà adopté. Le numéro 45 des Reds est de ces joueurs qui, pour donner le meilleur d’eux, ont besoin de se sentir aimés et un peu compris. 

Balotelli appartient à la petite famille des nerveux, des vulnérables, des irréguliers, des insupportables. Or le nord de l’Angleterre est une terre idéale pour ce genre d’artistes. Là-bas, avec eux, on sait faire. On a souvent vite fait de les aimer, c’est-à-dire de leur donner des ailes. D’ailleurs, en 2012, l’Italien y avait réussi ce miracle: rendre Manchester City soudain sympathique aux yeux de l’Angleterre et d’une partie de l’Europe.   

Dans la veine d'un Robbie Fowler

Balotelli a tout contre lui, aujourd’hui, mais il a aussi tout pour devenir le joueur que les gens de Liverpool attendent depuis la retraite de Robbie Fowler. A savoir cet enfant terrible et irrésistible qu’on aime d’un amour fou. Mais ne nous emballons pas, bien sûr, et on verra bien ce qui arrivera. Prions toutefois ensemble, mes frères, pour que ça marche. 

Parce qu’au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, regardez le tableau: dans le foot international, les joueurs sont devenus d’un ennui mortel. Avec leur personnalité formatée, leur charisme d’escargot, leur charme de tondeuse à gazon et leurs propos insignifiants, tous ces neurasthéniques nous assomment. Ce n’est donc pas seulement Liverpool qui a besoin d’un Super Mario, mais un peu tout le monde.

Alors on y croit, il signor Balotelli, et avanti! 

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